En 1975, Année internationale de la femme marquée par l’adoption de la Loi Veil sur l’IVG, Agnès Varda choisit le ciné-tract pour répondre en huit minutes à la question « qu’est-ce qu’une femme ? » dans l’émission de télévision F comme femme, programmée sur la 2ème chaîne. Varda donne la parole à des femmes d’âge et d’origine divers, qui s’expriment sur leur corps en le montrant, pour certaines, dans une nudité qui ne relève ni du voyeurisme, ni de l’exhibition, mais de l’affirmation et de la fierté d’être soi en s’opposant aux discours patriarcaux et machistes.
Une feuille de papier, un crayon et une écolière en France qui explique avec ses mots et son croquis à sa mère comment la cour de récréation n’est pas un territoire équitablement partagé, mais envahi par les garçons qui se l’approprient et confinent les filles aux lisières, à l’effacement, à l’invisibilité. Tandis que les mots de la fillette disent le poids de l’injustice et du sexisme, les traits de son dessin expriment la rage engendrée par cette situation.
Refaire le monde est un des désirs de la jeunesse et c’est souvent pendant les études que l’engagement et le militantisme sont découverts et pratiqués. Entre féminisme et écologie, Naomi Grand rend compte de l’émergence, au sein d’un groupe d’étudiantes, d’une conscience politique passant par le langage et l’action. Film choral, entre politique et poésie, L’Ordre des choses est un hommage à la vitalité, ainsi qu’à l’énergie empreinte d’une certaine candeur, de jeunes d’aujourd’hui.
Ce desktop documentary de Gabrielle Stemmer mont(r)e l’aliénation d’influenceuses du ménage extrême présentes sur les plateformes en ligne et les réseaux sociaux. Ces mères de famille prisonnières de leur foyer expérimentent, par la répétition tyrannique des tâches et l’enfermement dans l’espace familial, l’effondrement d’un certain bonheur promis par l’American way of life dans les années 1950. À leur dépression, s’agrège l’amnésie de toute revendication féministe.
Dans On ne tue jamais par amour, Manon Testud suit le collectif Collages féminicides Montréal lors de ses actions de collages nocturnes dans la principale ville du Québec. Clandestinement, des femmes habillent l’espace urbain de mots qui dénoncent les inégalités, la domination, l’emprise, les meurtres, un monde pensé par les hommes et pour les hommes, terreau de violences envers le genre féminin, ainsi que les personnes non genrées ou transsexuelles. Clara Teper et Paul Pirritano, de leur côté, accompagnent quatre années durant Chaylla dans son combat courageux et résilient pour se libérer d’une relation conjugale violente, tout en tenant sa famille à bout de bras.
Ces quatre films présentent des relations de sororité. Apolonia, Apolonia montre la rencontre magnétique entre une réalisatrice et une peintre à l’exceptionnelle énergie, sur le difficile chemin de la création. Inès raconte une relation de confiance tissée avec une artiste de films d’animation, représentant dans son œuvre le tourment des relations hommes-femmes et exprimant son attachement aux causes féministes. Dans Amour en Galilée, Faten fait le récit, lucide et résilient, de son retour au village natal dans le Sud-Liban pour recouvrer son indépendance après un divorce, en trouvant force et humour auprès de ses deux amies, Mariam et Eman. Enfin, Djamilia, héroïne de roman en rupture avec les traditions, devient une source d’inspiration pour les femmes et les jeunes filles kirghizes.
Pour aller plus loin, lire le dossier Contre-chant : luttes collectives, films féministes sur Balises, le magazine de la Bpi.