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Réponse de femmes ©ciné Tamaris

Réponse de femmes

1975, année de la Femme. La télévision publique commande à 7 réalisatrices 7 films de 7 minutes pour l’émission “F comme Femme” sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2). Agnès Varda se prête au jeu avec un ciné-tract de 8 minutes dans lequel des femmes d’âges et d’origines divers répondent à la question “Qu’est-ce qu’une femme ?”

Cinéaste contestataire dans les années 60/70, Agnès Varda filme les révolutionnaires cubains en 1962 et participe au film collectif antimilitariste Loin du Vietnam en 1967. Un an plus tard, elle n’assiste pas aux événements de mai 1968 car elle est aux États-Unis, aux côtés des manifestants Afro-Américains rassemblés à Oakland pour le procès du co-fondateur du parti des Black Panthers, Huey Newton, accusé du meurtre d’un policier. Réalisé en 1975, Réponse de femmes prend la forme d’un “ciné-tract”, sur le modèle des très courts métrages militants tournés en mai-juin 1968. Le film est diffusé à la télévision l’année du vote de la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse, qui dépénalise l'avortement. Au moment de sa diffusion, les luttes féministes sont à leur paroxysme dans une société très clivée et patriarcale, influencée par les images féminines négatives véhiculées par la publicité. La réalisatrice filme la réponse unanime, collective, de plusieurs femmes qui clament le droit des femmes à disposer de leurs corps, certaines allant jusqu’à se dénuder devant la caméra. Ce qui nous apparaît aujourd'hui comme une salutaire impertinence a suscité un vif mouvement de protestation des téléspectateurs.

Varda, rare cinéaste femme au sein d’une profession largement masculine, unique réalisatrice de la Nouvelle Vague, est une femme libre. Elle réalise un an plus tard L’une chante, l’autre pas (1976) sur les thèmes de la maternité et de l’avortement, son long métrage de fiction le plus ouvertement féministe. Si les historiens et les critiques ont plus souvent qualifié le cinéma d’Agnès Varda de “féminin” que de “féministe”, il n’en reste pas moins que son engagement pour la cause des femmes va bien au-delà de ses films militants. De Cléo, la chanteuse angoissée de Cléo de 5 à 7 à Mona, la vagabonde révoltée de Sans toit ni loi, jusqu’à Thérèse, l’épouse trompée du Bonheur, Agnès Varda a mis en scène dans ses fictions comme dans ses documentaires la vie des femmes de son temps.

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