les yeux doc

Un autre regard sur les banlieues

J'suis pas malheureuse © Laïs Decaster
Il ne se passe pas une semaine sans que l’on entende parler d’événements dramatiques en “banlieue” : fusillades, règlements de comptes, trafic de drogues, rodéos, émeutes, etc. Les sujets s'empilent dans les médias d’information et d’opinion. Des grandes villes aux cités de campagne, le climat social serait alarmant dans les quartiers les plus défavorisés. Simples faits divers, biais médiatiques, symptômes d’une crise profonde ? Six films donnent la parole aux habitants des périphéries pour aller au-delà des apparences caricaturales.
Le blues d’un policeman : Random Patrol

Banlieue d’Oklahoma City, la capitale de l’Oklahoma, État du Middle West des USA. Johan Guignard filme Matt, policier ordinaire, sur le siège passager de son véhicule de patrouille. Viscéralement attaché à sa mission, faire régner l’ordre et appliquer la loi dans le quartier, Matt appréhende chaque matin la mort possible qui l’attend. Derrière ses lunettes polarisées, il parle peu. Il évoque sa vie morne, son divorce. Random Patrol fait le portrait saisissant d’un flic de banlieue ordinaire et anonyme qui interroge sur ce que son métier a fait de lui.

Deux adolescents filment leur quartier : Selfie

Traiano : banlieue de Naples où règnent mafia, trafics et ultra violence. Agostino Ferrente confie un smartphone à deux adolescents du quartier en leur donnant la consigne de se filmer en mode selfie et donc, de toujours rester dans le cadre. Ce dispositif permet de capter la vérité du quotidien, des émotions, l’amitié en marche dans un quartier gangréné par la Camorra où se révèlent, entre autres, les défaillances de l’État italien.

Quand tombent les murs de la cité : Le Croissant de feu

Rayane Mcirdi vit à Asnières-sur-Seine. Il filme sa ville, ses proches, ses amis : de jeunes hommes  dont les parents sont immigrés nés dans les années 1990 qui peinent à imaginer leur avenir. Deux archives (destruction de la barre des Gentianes en 2011 et transformation d’un héros de Manga) structurent ce court-métrage qui recueille les conversations. Au-delà des apparences, ton enjoué et railleur, on ressent la douleur de l’arrachement à leur cité qui se gentrifie et l’indécision du projet de partir ailleurs. Mais où ?

Quand les citoyen.ne.s s’intéressent à la chose publique : Nous le peuple

Répondant à la proposition de 2018 d’E. Macron de réformer les institutions, l’association Les Lucioles du doc organise 3 comités : détenus de Fleury-Mérogis, femmes de l’association Femmes solidaires de Villeneuve-Saint-Georges et lycéens de Sarcelles. Leur projet : écrire une nouvelle constitution. Les débats tournent autour de problèmes aigus dans les banlieues : racisme, difficultés à trouver un emploi, heurts entre jeunes et police, échec scolaire. Un texte, à présenter et à défendre devant les députés, est rédigé. Qu’en sera-t-il de cette tentative de démocratie participative ?

Girls of Argenteuil : J’suis pas malheureuse

« Depuis ma sortie du lycée, il y a cinq ans, je filme au quotidien mon petit groupe de copines. Devant ma caméra, les filles racontent spontanément leurs amours, la vie sexuelle, mais aussi la famille, les études et l’entrée, pas à pas, dans le monde des adultes, avec sa part d’inconnu et d’incertitude. Le film évoque ma jeunesse à Argenteuil et comment nous grandissons ensemble, toujours soudées. » Avec l’aide et les conseils de Claire Simon, sa directrice de Master en réalisation à l’Université Paris 8, Saint-Denis, Laïs Decaster, nous offre un film immersif débordant de vie où de jeunes femmes de la banlieue nord-ouest de Paris crèvent l’écran.

Avec c(h)oeur : De la joie dans ce combat

Malika Bellaribi Le Moal, mezzo-soprano, est engagée, depuis une quinzaine d’années, dans un travail vocal dans les banlieues lyonnaises et parisiennes, en direction de femmes et d’hommes en situation précaire. Surnommée « La Diva des quartiers », Malika guide un groupe de femmes vers le chant, les émotions libératrices qu’il génère, la résistance voire la résilience qu’il suscite. De répétitions en répétitions, les visages, les corps et les voix se transforment en s’imprégnant de la musique. La beauté atteint une sorte d’acmé quand le chant choral se déploie sur le plateau de l’opéra Garnier.