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Viva Varda

Agnès Varda © Succession Agnès Varda - Fonds Agnès Varda déposé à l’Institut pour la photographie

Née en 1928 à Ixelles en Belgique d'un père grec, Eugène Varda, et d'une mère française, Christiane Pasquet, elle a deux sœurs et deux frères. En 1940, la famille fuit la Belgique pour Sète avant de s’installer à Paris en 1943.

Agnès étudie la photographie et le cinéma à l'École Vaugirard et l'histoire de l'art à l'École du Louvre. Ayant obtenu le CAP (certificat d'aptitude professionnelle) de photographe en 1949, elle achète deux vieilles boutiques situées au 86 rue Daguerre à Paris, où elle s'établit et aménage un studio-laboratoire de photographie. Elle travaille pour les Galeries Lafayette, la SNCF, le Festival d'Avignon et le Théâtre national populaire (TNP).

Agnès Varda réalise à Sète son premier long métrage de fiction, La Pointe courte, chronique néo-réaliste d'un village de pêcheurs et d'un couple, qui sort en 1955, un an après Voyage en Italie de Roberto Rossellini et cinq ans avant À bout de souffle de Jean-Luc Godard. C'est un succès critique.

Au TNP, elle rencontre brièvement le comédien Antoine Bourseiller avec lequel elle a en 1958 une fille, Rosalie Varda, qu'elle fait enregistrer à la Mairie du 14ème sous la mention : "née de père inconnu". En 1958, elle rencontre également le cinéaste Jacques Demy. Ce dernier s'installe chez elle l'année suivante et adopte légalement Rosalie. Ils auront un fils ensemble, Mathieu Demy, en 1972.

Tout au long de sa carrière, Agnès Varda réalise de nombreux films, fiction ou documentaires. On peut citer : Cléo de 5 à 7 en 1962, Oncle Yanco en 1967, Documenteur en 1981, Sans toit ni loi en 1985, Lion d’or à la Mostra de Venise, son plus grand succès en salle, Jacquot de Nantes en 1991, Les glaneurs et la glaneuse en 2000, Les plages d’Agnès en 2008 et enfin Varda par Agnès en 2019, qu’elle présente au Festival du réel le 19 mars 2019, dix jours avant sa disparition à son domicile parisien.

Les yeux donc ont choisi parmi son extraordinaire filmographie quatre films d'Agnès Varda et un entretien exclusif avec elle.

Crédit photographique : Agnès Varda © Succession Agnès Varda - Fonds Agnès Varda déposé à l’Institut pour la photographie.

 

 

Les glaneurs et la glaneuse
Ce documentaire sorti en 2000 s'intéresse aux glaneurs ratissant les champs après la récolte pour y récupérer des légumes oubliés ou invendables. C’est le point de départ de rencontres avec des personnes variées, jeunes, vieux, salariés ou RMIstes, de la campagne ou de la ville, qui cherchent leur subsistance dans la nature, à la fin des marchés ou dans les poubelles des supermarchés. Elle donne également la parole à des spécialistes du droit du glanage et à des personnes récupérant des objets pour les réparer ou en faire des œuvres d'art. Le film allie la légèreté d'un tournage réalisé à l'aide d'une petite caméra tenant dans la main à la fantaisie des associations d'idées de la réalisatrice ayant placé son œuvre son l'égide du célèbre tableau de Jean-François Millet : Des glaneuses. Ce film rencontre son époque à travers relance la carrière d’Agnès Varda suite à l'échec de son film Les cent et une nuits de Simon Cinéma.

Salut les Cubains
Agnès Varda a réalisé ce film à partir de photos qu’elle avait prises à Cuba en 1963, quatre ans après la victoire des révolutionnaires et de leur commandant Fidel Castro. Laissons-lui la parole : "Salut les Cubains [...] est un hommage à Cuba. J'avais été invitée là-bas par l'ICAIC, l'Institut du cinéma cubain. J'avais emmené un Leica, de la pellicule et un pied car j'avais un projet derrière la tête. J'ai vraiment trouvé les Cubains extraordinaires et les formes de leur socialisme surprenantes et joyeuses. Ce sont les seuls socialistes latins. Quand je suis à Moscou, je me sens d'une autre race que les Soviétiques, il me faut d'abord comprendre. À Cuba, les choses m'ont été plus faciles, je pouvais me sentir cubaine et ensuite comprendre. Et puis j'ai beaucoup ri. Le folklore de leur révolution, le rythme de la vie, la chaleur... J'ai ramené 2 500 photos, j'ai mis six mois à en monter 1500, mais j'ai été récompensée : à Cuba, ils disent que c'est un film cubain, qu'il a la "savor"."

Ulysse
Agnès Varda avait pris en 1954 une photo en noir et blanc représentant la mer, une chèvre, un enfant et un homme. À partir de ce cliché, elle réalise en 1982 un court-métrage plein de fantaisie avec les deux protagonistes de l'image, évoquant avec eux des souvenirs sur la France d'alors, sur un enfant malade, la rue Daguerre, le TNP et les républicains espagnols.

Réponse de femmes : Agnès Varda
Sur un fond blanc, des femmes, alignées comme des écolières parlent librement de désir, de sexe, de publicité, de leur envie d’avoir ou de pas voir des enfants, et dénoncent le conditionnement imposé aux femmes par une société qu’elles jugent patriarcale.

Cinéastes au Centre - Agnès Varda
Jean-Marc Poirier a réalisé cet entretien en 2015 à l'occasion de l'exposition Varda / Cuba au Centre Pompidou qui exposait les photographies prises par Agnès Varda à Cuba au début des années 1960. Son commissaire d'exposition Clément Chéroux commente l’évènement : "Le Centre Pompidou rend hommage à son talent de photographe, resté à ce jour le plus méconnu. Un sens du cadre, une façon d’attraper le mouvement, avec autant de vivacité que de cœur. La genèse du travail de Varda en somme. Il y a chez cette artiste « une étonnante tension entre fixe et animé, c’est-à-dire entre photographie et cinéma."