La cinémathèque du documentaire à la Bpi programme jusqu’au 12 juin le cycle "À l'Aventure !” dans les salles du Centre Pompidou à Paris. Retrouvez une sélection Les yeux doc autour de ce thème classique de l’histoire du cinéma.

Dès son invention, le cinéma a été synonyme d’aventure. Les premiers opérateurs Lumière furent de véritables pionniers de la technique et de l’art ! Ils inventèrent un langage nouveau qui permit à des spectateurs du monde entier de (re)découvrir en grand format des événements de leur quotidien et de la vie des peuples lointains. L'appel du grand large et l’envie de s’initier à des savoirs ou des expériences inédits constituent encore aujourd’hui une vision de l’aventure. Mais au-delà des films d'exploration et de voyage, l’aventure dans le documentaire consiste surtout à se frotter à l’altérité et à parcourir des territoires encore vierges et inconnus sur notre planète bleue presque entièrement balisée, cartographiée et mondialisée. Les cinéastes savent contourner les règles et sortir d’une vision de l’univers fini et rationnel.

Explorer les coutumes de l’Autre

Dans la tradition du film ethnographique, Les Maîtres fous éclaire le spectateur sur des pratiques rituelles de la secte nigériane des haoukas. Des travailleurs immigrés organisent à Accra (Ghana) un rituel de possession au cours duquel ils parodient des colons britanniques en état de transe tout en accomplissant des actions violentes ou sanglantes. À la différence des autres films ethnologiques, souvent surplombants, Jean Rouch renverse le regard européen habituel sur les croyances des contrées lointaines car il ajoute un commentaire présentant ce rite comme une manière de se débarrasser du poids de la colonisation. Chef-d'œuvre de l’histoire du cinéma, ce classique a suscité une polémique à sa sortie. Les Occidentaux étaient choqués par la violence de la parodie quand les Africains s’offusquaient d’être assimilés à des mangeurs de chiens.

Explorer les frontières floues de la raison

Le dernier film d’Olivier Zabat provoque un vertige quant à notre perception de ce qui est rationnel ou imaginaire, réel ou mental. Dans Arguments, la communauté britannique Intervoice, Mouvement international sur l’entente de voix, ne conçoit pas le fait d’entendre des voix comme une maladie mentale, mais comme une singularité qui marginalise les entendeurs et les fait souffrir. Ainsi, l’exploration de l’inconscient devient une porte ouverte fascinante à la frontière entre folie et raison et l’objet d’une entraide sans pareil. 

Explorer les mythes du fleuve

Ils sont à la recherche d'espèces disparues ou n'ayant pas encore été identifiées : yétis, krakens,oiseaux-tonnerres, mégalodons, léopards de Zanzibar ! Les cryptozoologues sont des passionnés d’animaux légendaires. Dans L'Hypothèse du Mokélé-mbembé, la réalisatrice Marie Voignier suit l'un d’entre eux, Michel Ballot, ex-avocat en droit international d’une cinquantaine d'années. Ce dernier poursuit entre le Cameroun, le Gabon et la République Démocratique du Congo les traces (imaginaires ?) du mokélé-mbembé, un animal entre le monstre du Loch Ness et le Marsupilami. Cette quête fascine pour ce qu’elle révèle de la volonté humaine. Michel Ballot est inspiré par une certitude toute herzogienne en sa prochaine découverte, croyance dont les Pygmées du fleuve Congo semblent tirer avantage. Il y a un caractère tintinesque derrière l’odyssée de ce personnage mi-Klaus Kinski mi-Professeur Tournesol ! 

Explorer la diversité du monde animal et végétal des forêts

Certains scientifiques amoureux de la nature s'intéressent quant à eux davantage à classer les éléments animaux et végétaux existants avant qu’ils ne disparaissent de la carte. Ceux-là semblent avoir compris le sens de l’expression “Patience est mère de toutes les vertus”.

Dans des positions acrobatiques, voire dangereuses, ils répertorient le vivant pour le photographier ou le filmer. Dans Homo botanicus, l’étudiant en botanique Cristian Castro part en expédition avec le professeur Betancur afin de classifier, inlassablement, la diversité des espèces de plantes en Colombie. Ceci ressemble encore à une entreprise sisyphienne. Quant à Mindaugas Survila, cinéaste lui aussi biologiste de formation, il est parti en tournage plusieurs années avec une petite équipe filmer les insectes et les animaux des forêts primaires de Lituanie pour ramener les images saisissantes du film Dans les bois.

En savoir plus

L’agenda du cycle “À l’aventure !”
En apprendre plus sur l'aventure au cinéma sur Balises, le magazine de la Bpi
Une bibliographie avec des ressources sélectionnées par les bibliothécaires de la Bpi