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Cinéma du Réel : Prix des bibliothèques 2023

jury-bib-2023 © Cinéma du réel
Pour cette 45e édition du Cinéma du Réel au Centre Pompidou, le jury des bibliothèques a réuni quatre femmes. L’enjeu ? Récompenser un film et lui permettre notamment d’intégrer le Catalogue national de films documentaires pour être mis à disposition des bibliothèques abonnées à la plateforme en ligne Les yeux doc.

La Présidente du jury, Laure Portier, est cinéaste. Elle réalise L’Oeil du chien en 2019 et Soy libre en 2021 (bientôt disponible sur Les yeux doc), deux films soutenus par Images en bibliothèques. Elle est accompagnée tout au long du festival par trois bibliothécaires.

La chance d’être là

Quand on demande à chacune d’elles leurs premières impressions sur cette participation active au festival, toutes disent d’abord « la chance d’être là ». Noémie Moutonnet, vidéothécaire à la bibliothèque Hélène Berr dans le 12e arrondissement à Paris, raconte ses premiers questionnements : comment se décider sur le choix final ? Comment composer avec les autres jurés ? Ces interrogations laissent vite place au plaisir de vivre cette expérience inédite et d’être bibliothécaire dans un autre contexte. Le programme réparti sur la semaine donne l’espace au jury pour passer du temps ensemble. Chacune reconnaît l’importance de ces moments de partage et d’échanges. Ce rythme de vie en commun a généré une complicité palpable. Elodie Saget, responsable de la collection audiovisuelle et sonore à la médiathèque du musée du quai Branly-Jacques Chirac, confirme : « se voir avant, discuter après, c’est très sympa comme les rencontres avec les autres jurys ou des festivaliers à l’occasion de moments organisés ou d’autres plus informels. »

Trouver une longueur d’onde en commun

Séance après séance, des liens se tissent. Un premier coup de cœur. « Dans les évidences on était toutes d’accord, sur d’autres films il y avait plus de nuances et ça nous permettait de discuter » observe Elodie. Laure acquiesce : « C’est un moment assez joyeux d’ailleurs de se rendre compte qu’on est sur la même longueur d'onde ». Noémie relève : « Il y a des réactions très spontanées juste après les films. Parfois on est assez silencieuses parce qu’on digère encore ce qu’on vient de voir, parfois la question ne se pose pas, on a envie tout de suite d’exprimer nos ressentis. » Et puis, quand il s’agit de parler du regard porté sur les films en tant que bibliothécaire, en tant que cinéaste, Laure confie : « On regarde les films ensemble, peut-être qu'on ne les regarde pas toujours sous le même prisme mais on est toutes les quatre avant tout des spectatrices ». Sarah Doucet, chargée des collections cinéma pour l’ensemble des médiathèques d’Orléans, contrebalance en douceur : « Ton regard nous apporte autre chose, ton analyse est un peu différente de la nôtre. Tu as pu nous préciser des éléments de contexte, des connaissances qui éclairent. C’est tout l’intérêt d’avoir une cinéaste dans ce jury. »

« Choisir un film, donner un Prix est une sacrée responsabilité » disent-elle de concert. Il s’agit de trouver l’équilibre entre les qualités du film, le cinéma proposé et l’intérêt qu’il y aura aussi à le présenter au public. La question de savoir ce qu’elles pourront faire de ce film dans leurs structures, et plus largement dans les bibliothèques, est une préoccupation récurrente pour les bibliothécaires, plus lointaine pour Laure Portier : « C’est la suite de la vie d’un film documentaire. Enfant c’est la bibliothèque qui m’a éduquée, je découvre les humains qui sont derrière et ces questionnements ». Elles s’accordent toutes sur le fait qu’un film c’est d’abord une émotion et que le cinéma documentaire favorise et libère la parole. Noémie témoigne : « On le voit dans les projections organisées en bibliothèques, les gens parlent beaucoup plus facilement qu’après une fiction, parce qu’ils font face à du réel ».

Un temps fort pour la vie des documentaires

Pour Sarah et ses collègues, le Cinéma du Réel fait partie des rendez-vous incontournables, un endroit de formation et d’inspiration pour les acquisitions, un temps fort pour la vie des documentaires. Laure Portier ajoute : « C’est un grand rendez-vous et c’est aussi un lieu rattaché à une grande émotion pour moi car c’est là que j’ai présenté mon premier film. »

Chacune livre ses ressentis : profiter d’un moment immersif, un temps d’échanges rare et précieux, pouvoir discuter des films donne envie de ponctuer l’année culturelle plus souvent avec des événements. Il s’agit aussi de pouvoir rencontrer dans un même lieu des personnes ressources pour accompagner les séances et d’être peut-être plus à l’aise pour présenter des séances. Sarah ajoute avec émotion un message à l’encontre de Domitille travaillant au service Cinéma de la Bpi et qui les a accompagnées pendant toute la durée du festival. Laure conclue : « Il est émouvant de se rendre compte qu’on avait des regards convergents malgré nos différents parcours » tandis qu’Elodie propose déjà “Si le film choisi correspond à la politique documentaire de ma bibliothèque, ce serait sympa de le projeter et d’organiser une séance où le présenter toutes ensemble ».

Après avoir délibéré, le jury a choisi d’attribuer le Prix des bibliothèques à Adieu Sauvage de Sergio Guataquira Sarmiento.

Voir les précédents Prix des bibliothèques sur Les yeux doc : Paysages résistants, prix des bibliothèques 2021, Makongo, prix des bibliothèques 2020, Laissez brûler, prix des bibliothèques 2019

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