les yeux doc

L’Inde entre tradition et modernité

Himself he cooks
L’Inde, l’une des plus anciennes civilisations, honorant les mêmes dieux depuis des millénaires, exerce un pouvoir de fascination sur la plupart des voyageurs. Immergeons-nous au cœur du sous-continent à travers trois films, datant de 2011, 2015 et 2021, qui illustrent l’imbrication immuable du religieux et du social dans ce pays mais aussi les revendications de sa jeunesse.
Himself he cooks, de Valérie Berteau, Philippe Witjes

Himself he cooks nous emmène au nord-ouest du pays, à Amritsar, haut lieu du sikhisme, dans les cuisines du Temple d’Or, où sont offerts quotidiennement cent mille repas. Une chorégraphie hypnotique s’offre à nos yeux dans une symphonie de couleurs et d’hymnes sacrés. La caméra saisit la foule mais aussi les visages singuliers, décrivant la communion entre le groupe et l’individu.

Guru, une famille hijra, de Laurie Colson et Axelle Le Dauphin

Le film nous fait découvrir, au sud du pays, dans l’état du Tamil Nadu, la communauté traditionnelle transgenre de l’Inde, les hijras, comptant entre cinq cent mille et un million de représentants. On les suit dans leur maison, dans les trains ou elles mendient en échange de leur bénédiction, dans le temple qui leur est dédié, dans leur vie de tous les jours, entre rires, espièglerie, difficultés ou disputes. C’est le portrait, dans les couleurs et le soleil de l’Inde, d’une caste, avec ses joies et ses peines.

Toute une nuit sans savoir, de Payal Kapadia

Payal Kapadia est une jeune cinéaste indienne ayant étudié à l’Institut indien du cinéma et de la télévision (FTII) de Pune, ville située à cent kilomètres au sud-est de Mumbay. Dans ce film, elle documente les mouvements étudiants de protestation contre la politique nationaliste menée par Narendra Modi, premier ministre de l’Inde depuis 2014.

La cinéaste mêle à cette matière sociale et politique une histoire d’amour racontée par le biais de lettres qu’un couple d’étudiants s’échange. Leur union est empêchée par la famille du garçon en raison de son appartenance à une caste supérieure. Cette œuvre formaliste convoque les références cinéphiliques de Jean-Luc Godard ou de Pier Paolo Pasolini. Elle a obtenu l'Œil d'or du meilleur documentaire au 74ème Festival de Cannes, en 2021.