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Au sommet de l’Olympe

Les Sorcières de l'Orient © UFO (DR)
Un siècle après ceux de 1924, Paris reçoit pour la troisième fois les Jeux Olympiques du 26 juillet au 11 août et les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre. Les Olympiades vont se dérouler sur tout le territoire national, en métropole comme dans les outre-mer.

Les spectateurs, présents sur les sites olympiques ou conviés à la fête par télévision interposée, vont découvrir, s’enthousiasmer, vibrer, soutenir les athlètes qui auront à cœur et à corps de donner le meilleur d’eux-mêmes. Deux films permettent de regarder dans le rétroviseur de l’histoire du sport et d’aller à la rencontre de sportif.ive.s admirables qui furent champion.ne.s olympiques.

1960 à Rome, un boxeur nommé Cassius Clay : Muhammad Ali the Greatest 1964-1974

Suite à une éruption du Vésuve en 1906, Rome renonça à organiser les Jeux prévus en 1908 pour des raisons financières. La Capitale italienne accueillit les jeux de la XVIIe Olympiade de l’ère moderne du 28 août au 11 septembre 1960. La victoire de Abebe Bikila (1932-1973), athlète éthiopien qui gagna le marathon en courant pieds nus, fut un moment mémorable. Il réitéra son exploit à Tôkyô en 1964. La Ville éternelle révéla aussi au grand public un jeune boxeur afro-américain de 18 ans originaire du Kentucky. Cassius Clay, médaillé d’or en seulement trois rounds dans la catégorie des mi-lourds, fut remarqué tant par sa technique inhabituelle que par sa personnalité faite d’orgueil, d’insolence et de provocation.

En 1964, Clay se convertit à l’Islam et rejoint sous l’influence de Malcom X l’organisation Nation Of Islam. Rebaptisé Muhammad Ali en 1965, le boxeur utilise le sport pour faire entendre ses prises de positions politiques contre la Guerre du Vietnam et pour la défense des droits civiques des Noirs aux États-Unis. Le film de William Klein (1926-2022) retrace à sa manière très originale, faite d’une écriture atypique syncopée au découpage choc, dix ans de la carrière exceptionnelle de ce géant de la boxe. Le match mythique contre George Foreman à Kinshasa au Zaïre en est un des points d’orgue. Très atteint par la maladie de Parkinson, Muhammad Ali (1942-2016) a ému le monde entier en allumant la flamme olympique à Atlanta en 1996.

1964 à Tokyo, six femmes en or au volley-ball : Les sorcières de l’Orient

La Seconde Guerre mondiale s’achève dans le Pacifique le 2 septembre 1945 par la capitulation du Japon. L’Empire du soleil levant, dans une situation catastrophique, sera occupé par les forces alliées, américaines et britanniques jusqu’en 1952.

Les années 1960 sont une époque charnière où le Japon, en complète mutation, se reconstruit. Organiser les Jeux Olympiques 19 ans après la défaite est un signal fort que ce pays veut lancer au monde. Relevé économiquement, il entend revenir dans le concert des nations tout en montrant la force de sa civilisation. Le 23 octobre 1964, le Japon va être sonné à quelques heures d’intervalle par la défaite d’Akio Kaminaga face au Hollandais Anton Geesink dans le tournoi toutes catégories de Judo, sport emblématique du pays hôte, et enthousiasmé jusqu’à la frénésie par la victoire 3 sets à 0 de son équipe féminine de volley-ball face à l’Union soviétique.

Le film de Julien Faraut mêle images d’archives, séquences animées et témoignages des anciennes championnes devenues octogénaires et raconte l’épopée de cette équipe hors du commun. Surnommées « Les sorcières de l’Orient » par leurs rivales soviétiques, ces femmes ont tout gagné entre 1960 et 1964 : titres nationaux, championnats du monde et jeux. 6 jours par semaine, les ouvrières de l’entreprise-phare de l’industrie textile nippone Nichibo sise à Kaizuka sont entraînées après le travail 8 heures par jour de 16h à minuit. Comme elles ont fait figure de martyres tyrannisées par leur coach Hirofumi Daimatsu pour les journalistes occidentaux, Julien Faraut relativise cette opinion en rapprochant leur engagement extrême dans l’effort d’une culture d'entraînement ancestrale essentielle dans la civilisation japonaise. Ainsi ces femmes, icônes au Japon jusqu’à devenir héroïnes de mangas et d’animés, par l’exercice de leur libre choix et le soutien à leur entraîneur font-elles « figure de pionnières du sport de haut niveau contemporain » (1)

Pour aller plus loin

(1) Julien Faraut, Les sorcières de l’Orient, le nouveau visage du sport de haute performance au début des années 60 
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Dossier Balises Les femmes et le sport 
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