Très peu d’images des camps de la mort en activité existent car elles ont en grande partie été détruites par les nazis eux-mêmes. Le travail des archivistes et des historiens poursuit aujourd’hui l’exploration et l’étude des fonds russes, ukrainiens, polonais... C’est au moment de la libération des camps que photographes et caméramans ont enregistré des images, afin de témoigner de l’ampleur des crimes commis. Les images britanniques de la libération du camp de Bergen-Belsen, notamment, ont marqué durablement la mémoire collective. Depuis, chaque génération de documentaristes se demande comment raconter l’indescriptible et faire acte de mémoire, tout en respectant la dignité des défunts et ce, avec différentes formes : commentaires, archives, entretiens...
Mêlant archives en noir et blanc et images tournées en couleurs à l’intérieur des camps, ce projet majeur d’Alain Resnais est accompagné d’un commentaire de l’auteur Jean Cayrol, déporté à Mauthausen-Gusen, et inspiré de ses Poèmes de la nuit et du brouillard. Il s’agit de l’un des premiers grands documentaires français sur la Déportation. Ce film invite à songer à toutes les époques à la peste concentrationnaire, dont on ne guérit pas, en nous mettant face à des images de baraquements vides, de trains, de cheveux ou d’êtres squelettiques et hagards, de tout ce qu’il est possible de montrer pour ne jamais oublier.
Christophe Cognet a pour cadre de recherche les très rares images prises clandestinement à l’intérieur même des camps. Quelques rouleaux de pellicule, voici les preuves ultimes que les déportés sont parvenus à cacher au péril de leur vie afin de documenter l’existence des travaux forcés, des fours crématoires et des sévices subis. Ces actes de résistances et archives inestimables se superposent aujourd’hui aux paysages actuels des camps, où la nature a repris ses droits. Elles sont commentées par des historiens, notamment Tal Bruttmann.
La conversation entre l’auteur de bande dessinée Art Spiegelman et Benoît Peeters, spécialiste du neuvième art, permet d’aborder les conséquences de la Shoah sur les familles des déportés. Exilés aux Etats-Unis, les Spiegelman mènent l’existence d’Américains ordinaires. Après le suicide de son épouse, le père d’Art Spiegelman confie leur histoire à son fils, qui la raconte dans la célèbre bande dessinée Maus. L’œuvre permet de révéler les traces du traumatisme, qui résonne avec une expérience-limite : celle vécue par le bédéaste à la chute des Twin Towers en 2001, où il a cru mourir avec sa femme et sa fille. Face aux catastrophes du réel, dessiner est le meilleur des exorcismes.
Chaque semaine, au Mémorial de la Shoah à Paris, une équipe de bénévoles collecte les archives personnelles de déportés et de leurs familles. Le cinéaste Ludovic Cantais recueille ces instants fragiles, où les victimes de l’Holocauste livrent leurs histoires : parfois avec le bonheur d’évoquer la mémoire des leurs, et souvent avec la douleur d’exprimer et se rappeler la perte de leurs proches. Le film rend leur humanité aux disparus et accueille la parole avec une bienveillance guérissante.
Les Suppliques, un film de Jérôme Prieur sur les courriers envoyés à l’administration du régime de Vichy pour sauver des juifs de la déportation.
Babi yar. Contexte, un film d’archives de Sergueï Loznitsa mettant en perspective l’avant et l’après du plus grand massacre de la Shoah par balles de la Seconde Guerre mondiale ayant eu lieu à Kiev, en Ukraine.