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J'aimerais qu'il reste quelque chose [version audiodécrite]

Chaque semaine, une équipe de bénévoles du Mémorial de la Shoah, à Paris, recueille des témoignages et collecte les archives personnelles des déportés et de leur famille.

C’est en travaillant sur une exposition pour le Mémorial que Ludovic Cantais, réalisateur et photographe, découvre qu’une permanence y est ouverte tous les mardis pour accueillir les familles juives désireuses de déposer leurs archives, ou plus simplement d’en parler. Le film se concentre d’entrée de jeu sur les entretiens, filmés en plans-séquences fixes et scandés par des écrans noirs. Un dispositif minimaliste qui donne toute leur ampleur aux histoires qui se racontent là, dans un huis-clos dramatique et salvateur. Ces histoires terribles, de mort mais aussi d’amour, dressent un tableau saisissant d’une période sombre, que les survivants ont préféré oublier, laissant le soin d’en perpétuer la mémoire à leurs descendants. Les archives sont composées de photographies et de lettres intimes, ainsi que d’objets, vêtements rayés de prisonniers, étoiles jaunes, comme ce brassard bleu portant le mot «juif» collecté à Clermont-Ferrand. Pièce exceptionnelle qui sera inventoriée et archivée pour être un jour exposée. Parallèlement à l’étape lente et douloureuse de l’accouchement des souvenirs, le travail muséographique attentif, rigoureux, systématique est minutieusement décrit. Le film s’offre quelques échappées dans les bureaux et réserves, ainsi que dans les espaces du Musée où ont lieu les cérémonies de commémoration et où les visiteurs peuvent découvrir de nombreux documents graphiques, enregistrements sonores et vidéos. Enfin, l’ambition de la démarche du réalisateur, comme celle du Mémorial tout entier, est résumée dans la scène finale où la caméra capte à travers une visite scolaire l’écoute attentive de collégiens aux visages graves et sérieux. Une démarche volontaire tendant à faire évoluer favorablement les résultats de l’enquête Ifop de 2020, qui établissait que 13% des jeunes Français n’avaient pas connaissance du génocide des juifs.

L'avis du bibliothécaire

Saad Chakali, Médiathèque Edouard Glissant, Le Blanc-Mesnil
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Recueillir les archives des familles juives victimes du nazisme constitue l'une plus importantes missions du Mémorial de Shoah. La dimension archivistique et muséale caractérise une institution de mémoire qui affronte aujourd'hui les nouveaux défis posés par la fin de l'ère du témoin décrite par l'historienne Annette Wieviorka. Le temps emporte en effet les témoins directs des événements et leur succèdent d'autres témoins, particulièrement les enfants légataires d'une mémoire fragmentaire. Décrire le travail des bénévoles est l'impulsion première du documentaire de Ludovic Cantais. Les témoins qui ont la passion de la narration s'exposent alors comme les médiateurs d'une émotion qui fait tout le prix, si difficile, du travail des bénévoles. La passion du récit s'expérimente en effet en ses bords extrêmes que sont la volonté nazie d'effacement de toute trace de la culture juive sur la Terre et la contre-offensive d'enrayer le programme d'anéantissement du nom juif par Hitler, incessant.

+ d'infos

Pour aller plus loin, vous pouvez écouter le réalisateur sur le podcast de l'émission de radio de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah Mémoires Vives.
Vous pouvez aussi consulter le dossier pédagogique du film. En présentant le contexte historique des témoignages ainsi que le rôle du Mémorial de la Shoah, ce dossier très complet permet de faire le lien entre le film et les différents programmes scolaires en histoire et en EMC. ©La Luna distribution 

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