les yeux doc

Obtenir justice

en route pour le milliard © Laterit Productions
En 1994, Raymond Depardon porte un regard inédit sur la Justice. Dans Délits flagrants, tourné en immersion au cœur de la machine judiciaire, le réalisateur place la caméra, et de fait les spectateurs, dans un lieu habituellement confidentiel et donc fascinant. D’autres cinéastes se saisissent à leur tour de la dimension légale et morale de la Justice. Le mystère, l’intime, les faits réels ou fantasmés s’entrechoquent et deviennent ces récits multiples que le cinéma documentaire fait émerger.

Unité de lieu et de temps, le procès restitue des années de parcours que ce soit du côté de l’accusation ou de la défense, cristallise le tabou, le secret, ce que la société prend l’habitude de cacher. Le cinéma souligne chaque nuances de vérité et donne corps à ce qui échappe d’ordinaire aux spectateurs : ce qui vient avant ou après, ce qui hante le procès. Caisse de résonance de la société, les affaires de justice font écho à la grande comme aux petites histoires. Dans les films que nous proposons, le point de vue varie en fonction de la place occupée par celles et ceux qui s'expriment, miroir des remous d’un monde faillible.

Une sentence

En 1994, Lindy Lou a participé à un jury populaire qui a condamné un homme à mort. Des années après, prise de remords et de questionnements, elle part à la rencontre des autres jurés pour l’aider peut-être à répondre à ce qui ne cesse de la hanter : est-elle une meurtrière ? La question clivante de la peine de mort s’impose dans ce film par le biais du chemin emprunté par chaque juré. En voyageant à travers l’Amérique blanche et croyante, elle interroge ainsi ce rapport à la culpabilité, à l’intime conviction et au rôle de la justice populaire. Entre questionnement philosophique et récits de vie, ce film donne à entendre ce qui est très rarement abordé : le point de vue des jurés qui ont condamné un homme à mort.

Un passé

Le cinéaste Marcell Gerö part à la rencontre de trois hommes condamnés pour avoir tué alors qu’ils étaient adolescents. C’est en visionnant un film tourné à l’époque qu’il cherche à les retrouver. Le cinéaste livre alors un portrait saisissant de ce qui a travaillé et travaille toujours ces corps et âmes à la dérive. Outre le sujet, c’est bien le cinéma, plans et montage, qui vient donner de l’ampleur à ces parcours chaotiques.

Un collectif

Dieudo Hamadi portait depuis longtemps ce projet de film. Déjà, dans Maman Colonelle, le cinéaste congolais filmait ces femmes et ces hommes venus rendre visite à la Colonelle Honorine. Blessées au cours de la guerre des 6 jours de Kisangani opposant les armées ougandaises et rwandaises en 2000, les victimes réclament réparation depuis des années sans être entendues. Le cinéaste filme leur périple à travers le pays pour tenter de se faire enfin entendre des autorités. Ce sont des corps abîmés et des âmes meurtries qui s’organisent pour faire reconnaître leurs traumatismes et obtenir réparation.

Un avenir

Diagnostiquées déficientes mentales, Yulia et Katia sont enfermées dans une institution depuis qu’elles sont petites. Pour se marier, être autonomes, vivre pleinement, elles doivent obtenir leur capacité juridique et civile. C’est un long combat qui s’annonce. Ce qui frappe c’est la ténacité et l’énergie avec lesquelles elles se battent pour obtenir justice. Le combat de Yulia et Katia pour recouvrer leur liberté est une véritable leçon de vie. 

Et pour prolonger sur Balises, le magazine de la Bpi, la présentation de 7 podcasts sur la justice.