Lindy Lou, jurée n°2
Il y a plus de vingt ans, Lindy Lou a fait partie d'un jury qui a condamné un homme à mort. Depuis, la culpabilité la ronge. Sa rédemption passera-t-elle par ce voyage qu'elle entame aujourd'hui à travers le Mississippi, dans le but de confronter son expérience à celle des onze autres jurés ?
La vie de Lindy Lou Isonhood, épouse et mère de famille modèle, chrétienne convaincue de l'État du Mississippi, a définitivement basculé en 2006, lorsqu'elle a rencontré Bobby Wilcher, meurtrier de deux femmes, qu'elle a condamné à mort douze ans plus tôt, en compagnie de onze autres jurés. Prise dans le tourbillon d'un procès bâclé, ellle se souvient d'avoir quitté le tribunal en courant à l'énoncé du verdict. Depuis, une question revient sans cesse mettre à mal sa vie bien réglée entre son mari, ses deux enfants, la prière et le barbecue dominical : "Suis-je une meurtrière parce que j'ai condamné quelqu'un à mort en tant que jurée ?"
Bien des années après la mort de Bobby, Lindy Lou conserve toujours le journal qu'il écrivait en prison et la lettre qu'il lui a écrit le jour de son exécution. Son fils confesse s'être inquiété des sentiments qu'éprouvait sa mère pour Bobby, un attachement si fort que les gens alentour pensaient qu'une relation amoureuse s'était nouée entre le condamné et celle qui avait voté la mort, en mettant son bulletin de vote dans un chapeau, comme c'était la coutume à l'époque dans cet état du Sud des États-Unis. Le mari de Lindy considère avec indulgence le comportement de son épouse, sans toutefois afficher beaucoup d'empathie. Devant la caméra, il préfère exhiber ses trophées de chasse et les espaces bien rangés de sa confortable demeure. Le même accueil, poli et phlegmatique, attendra Lindy Lou lorsqu'elle se présentera chez les autres jurés du procès de 1994. Certains, les plus chaleureux, l'accueilleront autour de la traditionnelle "cup of tea" et partageront sa souffrance, d'autres la recevront entre deux portes, sûrs d'avoir pris la bonne décision à l'époque. D'autres encore n'accepteront pas de la voir. Dans cet état conservateur, longtemps ségrégationniste et fermement adepte des armes à feu, une petite voix, courageuse et opiniâtre, s'est fait entendre contre la peine de mort.