les yeux doc

Balade parisienne

La Seine a rencontré paris HD © Garance productions
Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 entendent sublimer l’image de « la reine du monde » chantée par Mistinguett. Et si, loin des clichés, nous regardions Paris au XXème siècle ?

Cette balade cinématographique en quatre films, permet de se plonger dans un océan d’images d’archives du début du siècle, de musarder sur les rives de la Seine, de saisir le patient travail d’un écrivain, de découvrir les coulisses d’un musée.

Ordonner les images : Paris 1900

Cette chronique de la vie à Paris de 1900 à 1914 repose uniquement sur des documents d’archives collectés auprès de sources multiples allant de la cinémathèque au marché aux puces en passant par un musée, des collectionneurs, Pathé et Gaumont. Un travail de classement des documents est le préalable indispensable au montage. La voix off, écrite par la réalisatrice Nicole Vedrès (1911-1963) multiplie significations. Elle interroge les images de La Belle époque et guide le spectateur vers ce qui sera le cataclysme de la 1ère Guerre mondiale.

Un brin de nostalgie : La Seine a rencontré Paris

Ce court-métrage du cinéaste énamouré de Paris Joris Ivens (1898-1989) offre au spectateur de 2024 la chance de fermer ses yeux sur le Paris d’aujourd’hui, pour mieux ouvrir son regard sur celui des années 1950, tout en nuances de gris. Au fil de la Seine et du temps, sous le soleil de l’été jusqu’à l’orage, le film est un poème d’amour au même titre que le texte de Jacques Prévert que dit Serge Reggiani en voix off. Les images, les mots et la musique de Philippe-Gérard nous imprègnent, nous enveloppent, nous émeuvent, nous font sourire. La Seine a rencontré Paris est un cadeau de beauté et d’humanité.

La nécessité de l’inventaire : Tentative d’épuisement d’un lieu parisien

Le plaisir que peut susciter le film de J.-C. Riff est autre. De l’eau est passée sous les ponts : La (post)modernité, le structuralisme et l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle qui travaille la création littéraire à partir de contraintes) ont changé le rapport à l’écriture. Georges Perec (1936-1982), membre de l’Oulipo depuis 1967, a construit une œuvre autour des origines, des lieux, de la trace. En octobre 1974, l’auteur s'est installé pendant trois jours consécutifs place Saint-Sulpice à Paris. Dans cette adaptation cinématographique de 2007 de son roman-essai publié en 1982 s’inscrivent les similitudes et les différences entre l’écriture d’un texte préexistant, lu en voix off, et des images, tournées trente ans après dans le même lieu. Cette confrontation renforce la quête effrénée de Perec, son désir d’inventaire pour décrire et circonscrire la réalité afin d’y inscrire sa subjectivité : « L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête » (G. Perec, Espèces d’espaces, Galilée, 1974).

Une visite au musée : Un animal des animaux

« Un musée est une institution permanente, à but non lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l’interprétation et l’exposition du patrimoine matériel et immatériel. Ouvert au public, accessible et inclusif… [Les musées] offrent à leurs publics des expériences variées d’éducation, de divertissement, de réflexion et de partage de connaissances. ». Sans intentions pédagogiques appuyées, Philibert illustre, avec subtilité et selon une méthode immersive, cette définition de 2022 de l’ICOM (Conseil international des musées). En montrant l’expertise et la scientificité de tous ses métiers, il rend hommage au Muséum national d’histoire naturelle. Situé au cœur du Jardin des plantes ouvert en 1636, le Muséum, créé en 1793, est devenu un centre d’excellence de la biodiversité et du vivant.

Philibert fait un travail d’archiviste en filmant différentes étapes de la conception et de la mise en place de la Grande Galerie de l’Évolution, après 25 ans de fermeture et quatre ans de travaux de rénovation (1991-1994) menés par les architectes P. Chemetov et B. Huidobro avec une scénographie de R. Allio. Cette métamorphose a créé un lieu mythique où se côtoient l’histoire et la science pour le plaisir des yeux et de l’esprit des grands et des petits.

Pour aller plus loin :

Le site du Muséum national d’histoire naturelle 
La bibliographie de la Bpi sur Paris