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La Seine a rencontré paris HD © Garance productions

La Seine a rencontré Paris

Sur un poème de Jacques Prévert dit par Serge Reggiani, La Seine a rencontré Paris est une évocation tendre de la ville vue depuis son fleuve. “C’est pas un fleuve la Seine, c’est l’amour en personne, c’est ma petite rivière à moi, mon petit point du jour, mon petit tour du monde, les vacances de ma vie.”

Choses et autres édité chez Gallimard en 1972, est le dernier recueil de Jacques Prévert publié de son vivant. Dans cette malicieuse collection de textes, on peut lire un court poème en vers : La Seine a rencontré Paris. Héritier des surréalistes comme du réalisme poétique, Jacques Prévert y aiguise sa langue libre et facétieuse. 

Le film de Joris Ivens épouse les humeurs du fleuve comme celle de Jacques Prévert. L’immense cinéaste néerlandais (1898-1989) commence sa carrière au moment où s'amorce dans le cinéma d’avant-garde, un puissant retour au monde concret que Georges Sadoul appelle la "troisième avant-garde". Ivens découvre Paris à l’occasion de ses Études des mouvements à Paris (1927), contemporain des Études sur Paris d’André Sauvage (1928). L’ambitieux portrait de Paris que dessine Sauvage, est une traversée de la ville par son fleuve, point d'observation inouï de la vie urbaine. Contrairement à ses premières œuvres formalistes, Joris Ivens s’inspire de la photographie humaniste de Robert Doisneau ou de Willy Ronis. Son appétit pour le pittoresque des situations, des gestes et des visages conjugué à son extraordinaire talent d’observateur, est à l’origine d’une symphonie virtuose servie par un montage éblouissant. 

Mais le temps des symphonies urbaines et de leur fascination futuriste pour la modernité industrielle et sa vitesse vertigineuse est désormais révolu. La Seine a rencontré Paris est une valse musette qui se déploie tout en rondeur et sinuosité, une ode à l’amour qui lézarde sous un ciel d’été. La partition de Philippe Bloch (Philippe-Gérard au générique) joue à ce titre un rôle aussi important que le poème de Prévert. Toute en surprises et variations autour de plusieurs thèmes, elle compose un contrepoint tour à tour tendre et ironique, commentant les drôles de fragments de vie entraperçus au bord de l’eau.Alors même si quelques scènes semblent avoir été rejouées pour notre plus grand plaisir, l’essentiel est ailleurs, dans nos cœurs. “Il était une fois la Seine, il était une fois, il était une fois l’amour, il était une fois le malheur et une autre fois l’oubli. Il était une fois la Seine, il était une fois la vie.”

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