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Prix du public : Honeyland vu par les bibliothécaires

Avis des bibliothécaires sur le film Honeyland

Dans toute la France, des bibliothécaires participent et font vivre le Prix du public dans leur commune. Cette semaine Maïwenn, Gisèle, Isabelle, Hermine et Sophie ont pris leur plume pour partager leur avis sur Honeyland.

Gisèle Derioz - Médiathèque de Cornebarrieu (31)
Nous rencontrons Hatidze et sa “terre de miel” dans une région abandonnée de la Macédoine du Nord. Elle vit dans un village qui tombe en ruine, avec pour seule compagnie sa mère Nazife, paralysée et aveugle. Bien qu’étant à une vingtaine de kilomètres de la ville principale, leur village n’est pourvu ni d’électricité ni d’eau courante. Les deux femmes vivent du travail d’apicultrice d’Hatidze. Sur ces terres rudes qui ne permettent pas l’agriculture, Hatidze telle l’ouvrière d’une ruche s’occupe de ses abeilles ainsi que de sa mère. Mais ce microcosme, où la nature et l’humanité sont intimement liées, se voit être chamboulé par l’arrivée de la famille d’Hussein et de ses sept enfants. S’affrontent le monde d’Hatidze face à celui du capitalisme et ses méthodes impitoyables.

Maïwenn Soumpholphakdy - Médiathèque La Grande Passerelle à Saint-Malo (35)
Honeyland nous dépeint le portrait d’une femme forte malgré les tourments dus à son métier et à sa situation personnelle. Hatidze Murateva représente à elle seule la nature en accord avec ce qu’elle est, gratuite mais aussi difficile à atteindre. Pourtant, les difficultés rencontrées ne l’empêchent pas de se mêler chaque jour aux abeilles, presque intégrées à la colonie. Face à ça, nous assistons impuissants au travail de ses voisins. Quand Hatidze fait sortir les abeilles naturellement de leur ruche, eux la détruise simplement, mettant ainsi en lumière deux aspects du travail de l’Homme sur la faune et la flore. Une perspective qui nous touche directement car le film a cette force qui nous entraîne inévitablement avec lui.

Sophie Lamy et ses collègues - Bibliothèque de Reims (51)
Dans des paysages de montagnes à couper le souffle, Ljubomir Stefanov et Tamara Kotevska nous invitent à partager le quotidien de Hatidze Muratova, macédonienne du nord qui vit dans le dénuement le plus complet avec sa vieille mère handicapée. En immersion la plus totale, les deux réalisateurs offrent le portrait saisissant d’une femme à la simplicité et à la gentillesse exemplaires qui vit en harmonie avec la nature, et notamment avec les abeilles dont la production lui apporte un peu de revenus. Attachée à les traiter avec respect grâce à des méthodes ancestrales héritées de son père, le spectateur voit avec crainte l’arrivée d’une famille de nomades turcs, aux enfants bruyants, qui vont malmener ce fragile équilibre. D’emblée, deux visions de l’agriculture se confrontent : celle écologique d’Hatidze et celle plus productiviste de la famille. Entre fiction et documentaire, le film nous dira si Hatidze devra retourner à sa solitude alors qu’une belle relation d’amitié se nouait avec l’un des enfants, le plus rebelle mais aussi le plus sensible aux codes de la nature. 

Hermine Tissot - Médiathèque de Moret-Loing-et-Orvanne (77)
Le cinéma en général, et plus encore le cinéma documentaire, a cette fonction magique de nous transporter dans des lieux hors du commun, auprès de personnes extra-ordinaires. C’est encore une fois le cas avec Honeyland, qui par sa splendide photographie, capture la beauté et l’immensité des paysages macédoniens. Hatidze, apicultrice traditionnelle solitaire, y vit en communion avec les abeilles, jusqu’à l’arrivée d’une famille qui travaille également le miel, mais avec des méthodes moins respectueuses des équilibres naturels. Voici un des points centraux du film, ces deux manières d’appréhender la nature sans pour autant tomber dans l’opposition frontale entre ces deux familles qui symbolisent l’agriculture et le capitalisme. Grâce à un tournage au long cours sur 3 ans, les réalisateurs ont réuni assez de matière pour construire une narration resserrée sur une année, qui exclut d’entrée de jeu le simple film écologique aux images spectaculaires qu’Honeyland aurait pu être. Hatidze en fait un tout autre film en partageant l’âpreté de sa vie ainsi que sa relation intense à sa mère alitée, aveugle et mourante, tel un fil rouge dans ce documentaire. En résulte un film magnifique, rude et humain à la fois, qui chasse le misérabilisme avec poésie et remet l’humanité à la place qui est la sienne : de passage dans cette nature millénaire.

Isabelle Louis - Médiathèque du Var (83)
Hatidze est une des dernières personnes à récolter le miel de manière traditionnelle, dans les montagnes désertiques de Macédoine. Sans aucune protection et avec passion, elle communie avec les abeilles. Elle prélève uniquement le miel nécessaire pour gagner modestement sa vie. Elle veille à toujours en laisser la moitié à ses abeilles, pour préserver le fragile équilibre entre l’Homme et la nature. Lorsqu’une famille de nomades turcs arrive un jour au village, ce paisible équilibre est tout à coup rompu. La caméra de Tamara Kotevska et Ljubomir Stefanov capture avec grâce les moments partagés entre Hatidze et cette famille particulièrement encombrante, qui apporte avec ses nombreux et turbulents enfants autant de joie que de chaos. Mais bientôt, c’est la survie même des abeilles qui est menacée. Le film est plein de sensibilité et de beauté comme la nature qui entoure Hatidze. Un film qui nous montre la valeur du respect de la faune et de la flore qui nous entoure. Une femme hors du commun, un film juste magnifique !

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