Dans un petit village de l’Altiplano bolivien, les activités des agriculteurs sont auscultées par d’intrusifs ingénieurs agronomes venus de la ville pour les convaincre d’utiliser leurs engrais. Leur ambition : accroître les rentes agricoles du pays en développant la culture du quinoa enrichie au nitrate et réformer les conditions d’élevage des lamas. Toutefois ces robustes animaux ne se laissent pas faire, à l’image de leurs propriétaires. Ils refusent les nouveaux aliments qu’on leur sert et crachent devant les règles de l’économie de marché. Quant aux paysans, ils font tout pour conserver leurs méthodes agricoles ancestrales, et dédaignent avec hardiesse les pressions extérieures, quitte à vendre à perte, comme le cours du quinoa a chuté depuis “l’Année internationale du quinoa” en 2013.
Ce classique des yeux doc montre le changement de paradigme entre les petites exploitations, où les paysans connaissent par cœur le nom de leurs animaux, et les super-exploitations, où les bovins sont dénommés par de simples numéros. Au monde rural des vaches laitières, Hubert Charuel a choisi le monde urbain du cinéma. Il regrette de ne pas avoir repris la ferme familiale, mais accompagne avec douceur et humour la fin d’une époque et le départ à la retraite mérité de ses parents.
Dans le monde rural, la vie et la mort animale font partie du quotidien. Les éleveurs de petits troupeaux ont bien souvent vu naître leurs animaux et en prennent soin jusqu’à l’abattage. Des éleveurs bovins et caprins nous parlent de la relation qu’ils ont avec leurs bêtes et de la difficulté pour bon nombre d’entre eux de les voir souffrir ou de les laisser partir à l'abattoir. Que ce soit pour la production de lait ou de viande, les femelles doivent abandonner leurs veaux et cabris. Les éleveurs expliquent comment ils accompagnent vaches et chèvres dans ces moments. Un film sur l’éthique de la profession qui laisse le temps à la réflexion et à la parole.
La vache est un animal saisissant, fascinant, massif, intriguant. Emmanuel Gras choisit de planter sa caméra au cœur d’un champ et d’expérimenter la vie quotidienne de ces grands ruminants a priori très familiers. Dans un film quasi expérimental, sans commentaire ni musique, le réalisateur réinvente les codes du film animalier. Pourquoi s’intéresser aux grands félins des jungles amazoniennes quand on peut filmer avec étrangeté un animal omniprésent dans nos campagnes ? Une expérience sensorielle et philosophique qui rend palpable la profondeur quasi métaphysique de la vie bovine.
Découvrez en images ou sur place Oupette, la vache égérie du Salon 2025 :