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Entretien avec Nicolas Drolc

Nicolas Drolc et Serge Livrozet © Émilie Salquebre
Réalisateur, monteur, producteur, distributeur, Nicolas Drolc est un homme-orchestre. Ce passionné nous parle de ses films et surtout de sa dernière réalisation à découvrir sur Les yeux doc This film should not exist.

Comment avez-vous rencontré Gisella Albertini et Massimo Scocca, puis travaillé avec eux sur ce film ?

Pendant plusieurs années, j’ai organisé des concerts à Nancy dans un bistrot. Je programmais des groupes et assurais leur promotion. Dans ce cadre, j’ai proposé Lame, un groupe italien dans lequel Massimo Scocca jouait de la guitare. On se connaissait un peu de vue parce qu’il était dans plusieurs autres formations. Je l’ai hébergé et ce soir-là, on a beaucoup discuté des Country Teasers qui était un de mes groupes préférés – ça l’est toujours, même si je les écoute un peu moins depuis que j’ai fait le film. Assez rapidement, on en est venu à parler de ce qu’ils avaient fait, lui et sa copine Gisella Albertini, en 1994/1995. En tant que fans, ils avaient suivi une partie de la première tournée européenne des Country teasers et des Oblivians. Et surtout, ils l’avaient filmée avec une caméra vidéo 8. Depuis tout ce temps, ils essayaient, sans vraiment y arriver, de faire un film à partir de ces 8 heures d’archives inédites. N’étant pas cinéastes eux-mêmes, ils ont tenté de travailler avec des réalisateurs, mais ça n’a jamais fonctionné.
À cette époque, j’avais déjà terminé trois longs métrages et j’ai eu envie de m’investir dans ce projet en construisant, autour de ces archives, la narration du documentaire. C’est comme ça qu’est né This film should not exist.

De quelle façon êtes-vous intervenu ?

Je suis intervenu à mi-parcours en proposant une structure pour le film et, en fonction de ce qui manquait, en proposant de tourner des images supplémentaires. J’ai principalement pris en charge la réalisation et l’écriture en tant que monteur. Il y a vraiment eu une complémentarité entre ce que Scocca et Albertini avaient déjà et ce que j’ai pu apporter. Ils avaient commencé à tourner une série d’entretiens que nous avons pu compléter, avec notamment celui de Ben Wallers, tourné en 2019 à Paris, après un concert.

Comment s’est passée cette rencontre  ?

L’opportunité de voir facilement Ben s’est présentée. Il passait à Paris et j’ai décidé à cette occasion de démarrer le tournage. La rencontre a finalement été assez brève à cause des contraintes dues à l’organisation de la tournée, il devait partir à Londres le lendemain. Brève et spontanée.
Dans la mesure où je n’ai jamais idéalisé personne, le fait que ce soit quelqu’un pour lequel j’avais beaucoup d’admiration d’un point de vue musical n’a pas tellement compté. C’était avant tout une rencontre entre deux êtres humains. Ce qui a été assez touchant pour moi, c’est d’apprendre, quand le film a été terminé, que les protagonistes l’avaient apprécié. Ce n’était pas gagné d’avance. Le documentaire musical est un genre plutôt risqué et beaucoup de musiciens se méfient quand ils sont approchés par des réalisateurs qui veulent les filmer. Que ce soit pour ce film ou pour les autres, ma plus grande appréhension c’est toujours que les protagonistes ne valident pas le contenu. Ces retours enthousiastes m’ont touché. Se dire qu’on s’est effacé pour donner toute la place aux artistes est un contrat moral qui nous lie à eux. C’était déjà le cas sur mes précédents films, que ce soit avec les anciens détenus de la prison de Nancy ou avec l’avocat Henri Leclerc par exemple. On est toujours content quand ils envoient un petit mot pour dire qu’ils ont vu et aimé le film. 

Pourquoi la musique est-elle si présente dans vos films ?

La musique est extrêmement importante dans le cinéma, que ce soit dans la fiction ou le documentaire. Je ne fais d’ailleurs pas vraiment de distinction entre les deux. Quand j’ai fait mon premier film Sur les toits, j’ai choisi d’avoir une bande originale forte parce que la révolte dans les prisons est un sujet assez lyrique et très visuel. [...]

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