les yeux doc

Solidarité(s)

Mamosta © Olivier Blaecke
S’entraider, dans une société complexe où la pauvreté s’accentue et où les turbulences du monde se répercutent de plus en plus durement, est devenu un élément essentiel pour cimenter le vivre ensemble. Questionné par la sociologie, le terme “solidarité” est aujourd’hui présent dans une part importante du documentaire de création.


Miroir et prolongement de ce qui agite et vient percuter le réel, le cinéma montre la solidarité notamment à l'œuvre dans le monde du travail et dans les lieux traversés par les flux migratoires ou la précarité. Et au-delà des films eux-mêmes, la notion de solidarité s’exprime dans les actions menées au sein des bibliothèques, que ce soit dans l’accueil ou la mise en place de médiations spécifiques en direction des publics précaires, allophones, empêchés ou éloignés des lieux de culture. Nous vous proposons de découvrir des films où ces solidarités s’incarnent avec force dans des contextes pourtant très différents.

Ainsi, Charlotte Pouch filme cette forme de solidarité qui vient rendre possible l’action collective dans Des bobines et des hommes tandis que Matthieu Chatellier avec Sauf ici, peut-être nous invite à découvrir une communauté Emmaüs organisée et construite sur des valeurs d’entraide et de coopération. Dans Atelier de conversation, Bernhard Braunstein nous immerge dans un dispositif mis en place à la Bibliothèque publique d’information où des personnes viennent perfectionner leur français. La Douceur dans l’abîme donne la parole à des sans-abris avec un dispositif qui permet d’entendre ce vécu et ces ressentis. Enfin, dans Mamosta, Olivier Blaecke filme la rencontre et les liens qui se tissent entre bénévoles et migrants à Dunkerque.

Sauf ici, peut-être, de Matthieu Chatellier

Dans un entretien pour Les yeux doc, le réalisateur parlait ainsi de son film : “Sauf ici, peut-être est une commande. La responsable m’a invité à faire un film sur cette communauté Emmaüs qui fêtait ses 40 ans d’existence et j’ai eu envie de raconter ce moment bien spécifique de la rencontre.

J’ai filmé assez vite pour capter ce moment de flottement, de gêne, où l'on s’apprivoise, où l’on peut passer du temps ensemble silencieusement. Le film raconte ces compagnons mais, en termes de densité, raconte surtout ce moment de la rencontre entre deux inconnus.” 

Atelier de conversation, de Bernhard Braunstein

Une salle blanche vitrée, une montagne de chaises multicolores : nous sommes à l'Atelier, un espace situé au cœur de la Bibliothèque publique d'information (Centre Pompidou), où se déroulent quotidiennement depuis plusieurs années des conversations en diverses langues et, plus précisément dans ce film, en français langue étrangère (FLE)... Un moment précieux à la fois pour les bibliothécaires qui animent ces groupes et pour les usagers. Ainsi, la discussion prend vie autour d’un mot, d’un sujet ou d’une actualité. Bernhard Braunstein a d’abord fréquenté et suivi ces ateliers avant de décider d’en faire un film.

La Douceur dans l’abîme, de Jérôme Schlomoff

Le film a été réalisé un an après un atelier d'écriture organisé avec des sans-abris à Nancy. Les participants sont alors filmés écoutant la transcription de ce qu'ils avaient pu partager à ce moment-là. Leurs réactions ou absences de réaction viennent faire écho à leurs paroles.

Des bobines et des hommes, de Charlotte Pouch

La réalisatrice a passé six mois au plus près des salariés et du patron de l'usine Bel Maille. Pris dans la tourmente du redressement judiciaire, les salariés font face aux doutes entre inquiétude et fatalisme. Les jours passent dans l'attente d'un éventuel repreneur et chacun s'arrange comme il peut avec l'incertitude.

Mamosta, de Olivier Blaecke

Dans le camp de Grande-Synthe (Dunkerque), réfugiés et enseignants bénévoles se rencontrent autour de l'apprentissage de la langue. Et si chacun est porté par des enjeux différents, c'est à la croisée de leurs chemins que le réalisateur pose sa caméra. La sincérité de l'engagement et l'envie d'aider simplement s'expriment à travers l'expérience de Chloé et Claire, les mamosta (professeurs). En contrepoint, des témoignages de réfugiés viennent nourrir le récit.