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Homo animalis : l'Homme, un animal comme les autres ?

Koko le gorille qui parle
À l’heure où le sujet du “bien-être animal” fait débat et où la Cour des comptes européenne envisage d'intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix de la viande, il importe de prendre un peu de recul sur ce qui lie l’animal humain avec ses semblables. Comparons quelques regards documentaires mettant l’homme face à l’animal.

Le regard porté par l’Homme sur l’animal a beaucoup évolué au cours des siècles. L’animal a pu être divinisé dans les sociétés préhistoriques et antiques. Avec Aristote, de nombreux philosophes ont longtemps distingué l’homme de l’animal par le langage et la culture. Entre la thèse des “animaux-machines” de René Descartes et la théorie contemporaine de “l’animal être-sensible” de Florence Burgat, la théorie de l’évolution de Charles Darwin est une étape cruciale. Paru en 1859, L’Origine des espèces remet en cause la prééminence de l’Homme sur l’animal (spécisme) en situant l’homme comme un animal particulier, faisant partie du groupe des primates et proche parent des chimpanzés. Aujourd’hui, les créationnistes (théorie de l'origine des espèces animales et végétales selon laquelle chacune de celles-ci serait apparue brusquement par la volonté divine) réfutent la thèse de Darwin. À l’inverse, les antispécistes souhaitent abolir totalement la distinction entre espèce animale et humaine.

Quand de nombreuses espèces disparaissent ou sont menacées, beaucoup s’opposent à la maltraitance animale ainsi qu’à l’élevage et à l’abattage industriel. La Déclaration universelle des droits de l’animal proclamée en 1978 puis le passage dans le Code civil en 2015 de l’animal de « bien meuble » à « être vivant doué de sensibilité », font écho à la pensée de Jean-Jacques Rousseau pour qui les hommes et les animaux sont des êtres semblables car ils disposent d'une nature commune, la sensibilité. Plus près de nous, le développement de la notion de sentience (capacité pour tout être vivant à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être), insiste sur la capacité des animaux à expérimenter le monde subjectivement. Cet argument fait partie de ceux mis en avant par les groupes militants radicaux de défense des animaux tels L214 ou Alarm.

La multiplicité des points de vue sur l’animal illustre la lancinante question que se pose l’humain sur sa place dans la nature. Les animaux sont représentés de mille manières, entre l’art pariétal des grottes, les mythes grecs, les fabliaux à succès du Moyen-âge et les films documentaires dits animaliers, souvent porteurs d’une vision anthropomorphique de l’animal. Vous trouverez ici quatre films documentaires singuliers sur les animaux à regarder pour s’émerveiller, apprendre, réfléchir ou se remettre en cause en cette période d’extinction de masse du vivant.

Guetter l’apparition : Dans les bois

Mindaugas Survila, biologiste, a passé huit ans à réaliser ce film qui nous immerge dans la fragile beauté d’une des dernières forêts primaires de la baltique, sans commentaires ni musiques additionnelles. On se laisse emporter par les mystérieuses apparitions de loups, de cigognes, de chouettes, de serpents, de tous ces êtres peuplant le monde depuis la nuit des temps mais dont certains sont en train de disparaître.  

Connaître la nature : Un animal, des animaux

Le Muséum d’histoire naturelle de Paris est une institution destinée à étudier ou admirer des squelettes ainsi que des animaux empaillés dont les yeux, certains soirs, semblent fixer les visiteurs d’un regard étrange. 

Échanger avec l’autre : Koko, le gorille qui parle

En Californie, dans les années 70, la scientifique Francine Patterson enseigne le langage des signes au gorille Koko. La voix de Koko, comme celle des autres intervenants, est sous-titrée. Le film fait donc parler Koko qui, dans la réalité, ne parle pas. Une interrogation captivante sur notre rapport à l’animal.

Remettre en cause ses pratiques : La Main au-dessus du niveau du cœur

Un abattoir près de Liège en Belgique. Sang, cris, panique des animaux, précision des gestes humains. Une immersion pour s’interroger sur notre humanité, dans un espace ultra spécialisé de l’industrie agroalimentaire.

En savoir plus sur les animaux et le cinéma documentaire avec le dossier Animalement vôtre sur Balises, le magazine de la Bpi et sur les droits des animaux avec une bibliographie des bibliothécaires de la Bpi sur le sujet.