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Direct Action © Caskfilms

Direct Action

Le film suit une communauté de militants en France, composée de squatters, d’anarchistes, d’agriculteurs et d'« écoterroristes » selon le gouvernement, afin de mieux comprendre comment le succès d’un mouvement protestataire radical peut ouvrir une voie à travers l’actuelle crise climatique mondiale.

Quand le pouvoir politique défend les intérêts privés contre le bien commun, l’action directe est inévitable. Au cours de ce début de siècle, en France, l’activisme environnemental en a notoirement payé le prix fort durant les répressions des manifestations contre le projet d’aéroport du Grand-Ouest en 2012 et contre les méga-bassines à Sainte-Soline le 25 mars 2023. Mais il a aussi, entre ces deux évènements, remporté une victoire insolente en établissant avec succès une Zone à Défendre à Notre-Dame-des-Landes, où l’idée d’action directe peut désormais s’entendre au-delà du conflit avec l’État, et qualifier une manière de vivre en accord avec la terre. Ben Russell et Guillaume Cailleau ont filmé dans la ZAD pendant deux ans, entre la commémoration festive des dix ans de l’échec de l’Opération César et l’action menée par les Soulèvements de la Terre à Saint-Soline, accueillie par un spectacle policier digne d’Apocalypse Now. À bien des égards, Direct Action évoque et inverse la série Sanrizuka de Shinsuke Ogawa autour de la lutte paysanne contre la construction de l’aéroport de Narita ; la récurrence des apparitions du phare qui s’érige désormais fièrement en lieu et place d’une tour de contrôle qui n’a pas vu le jour, ne manque pas d’y faire songer. À Notre-Dame-des-Landes, il est possible d’observer ce qui se passe lorsqu’une vision jusque-là cantonnée à l’utopie se permet de remplacer l’avenir promis par les tenants de la croissance économique. En quarante et un longs plans qui refusent l’équation trop souvent automatique des discours militants et des formes conventionnelles du cinéma direct, Direct Action nous donne en retour pleinement le temps de l’habiter.

[Antoine Thirion, Cinéma du réel, 2024]

L'avis de la bibliothécaire

Dominique Rousselet, Bibliothèque Carré d'Art - Jean Bousquet, Nîmes
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Le film commence par des images d’archive de la lutte qui empêcha en 2018 la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes. Commentées par les protagonistes, elles réveillent des souvenirs douloureux, de destruction, de violence. Le film se termine par l’organisation d’une nouvelle lutte, contre les bassines de Sainte Soline en 2022. Le contexte est posé. La vigilance est vitale. Dans un contraste total, le cœur de Direct action raconte la possibilité de construire un nouveau monde. Une utopie en marche, en action. Les cinéastes ont passé une à deux semaines par mois pendant un an à filmer, à vivre auprès des habitants de la ZAD. Chaque habitant par ses actions prend part à la vie du groupe et invente une autre manière d’être au monde. Les gestes sont simples. Ils sont montrés et vécus comme une forme de résistance politique.La force du film tiens dans sa forme. Tourné en pellicule, il est construit avec de longs plans séquences, fixes, proche de ce qu’il se passe, des personnages. Chaque geste est filmé dans une durée longue, sans interruption, inhabituelle. « C’est un film sur la ZAD mais aussi sur le cinéma : l’action directe est aussi notre façon de faire des films » (Guillaume Cailleau et Ben Russell).

+ d'infos

Pour en savoir plus, consulter l'article Grand écran sur Bpi pro, l'entretien avec Ben Russell et Guillaume Cailleau, réalisateurs de Direct Action sur le blog Mediapart du festival Cinéma du réel et consultez le dossier de presse. ©Shellac

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