les yeux doc

Rock_Against_Police 2 © GREC

Rock Against Police

Le 16 février 1980, Michel Bellet, gardien de la cité Jean-Couzy à Vitry-sur-Seine (94) tue d'une balle dans la tête Abdelkader Lairèche, quinze ans, avec le 22 long rifle que lui a tendu sa femme Kathia. Les jeunes se font entendre. 40 ans plus tard, iels se souviennent de cette époque tendue mais pleine d’espoir.

Réalisé dans le cadre de la résidence Frontières 2019 du Musée national de l’histoire de l’immigration, Rock Against Police mène une enquête sur une époque et ses images, pour les confronter aux souvenirs de celles et ceux qui l’ont vécue. Nabil Djedouani fait ainsi dialoguer reportages sur les banlieues avec images et témoignages d’une génération qui écrit et filme aussi son quartier. Sa rage est celle d’une jeunesse confrontée à la violence de la rue, aux matraques et aux contrôles au faciès. Elle trouve néanmoins dans ses années post-punk, et avant l’apparition du rap, une scène pour électriser sa frustration.

Nabil Djedouani est un chercheur et un restaurateur d’images, attentif à la valeur de l’archive. Son montage virtuose compose la bande son d’une brève époque où maghrébins et beurs (jeunes d'origine maghrébine nés en France de parents immigrés) se frayent un chemin grâce à la musique. De Vénissieux à Mantes la jolie, ils s‘appellent Rachid Taha ou Mohand Mounsi. En 1983, l’énergie du mouvement Rock Against Police inspire la Marche pour l'égalité et contre le racisme, que Libération surnomme « Marche des beurs ». Les banlieues et leurs dynamiques sociales entrent alors publiquement dans l’Histoire. En 1984, Rachid Taha chante avec le groupe de rock français Carte de séjour pour « Abdelkader… Et tous les autres » : « Justice devra être rendue, aujourd’hui ou demain. »

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