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Kristos, le dernier enfant

Des 30 habitants de la petite île d’Arki, Kristos est le dernier des enfants. Cadet d’une lignée de bergers, Kristos achève l’école primaire pour entrer au collège sur l’île de Patmos, mais son père doit accepter qu’il ne soit pas berger, comme ses frères et ses pères avant lui.

Arki est une petite île grecque du Dodécanèse, balayée par les vents et le soleil. Située non loin des côtes turques aux confins de la Mer Égée, l’île abrite 30 résidents à l’année. Elle dispose d’un petit port de pêche, d’une église et d’une école primaire, mais Kristos est le dernier écolier de l’île. Partir, s’exiler pour les Grecs est un mouvement plurimillénaire attesté depuis la plus haute Antiquité. De nos jours, le Secrétariat général des Hellènes à l’étranger estime l’omogenia (la diaspora grecque) à 5 millions de personnes, qui vivraient en dehors des frontières du pays. Chiffre énorme comparé au 10,5 millions de personnes vivant en Grèce en 2021.

La cinéaste Giulia Amati a développé une acuité particulière à la tragédie des exilés en Palestine puis en Ethiopie dans ses précédents films. Avec Kristos, le dernier enfant, elle s’attache à dresser le portrait d’une société archaïque et d’un enfant au tournant de sa vie. Suspendus entre sa famille patriarcale et son avenir, les silences de Kristos, comme ses sourires et ses larmes sont ceux de l'enfance qui prennent le large. Poussée par sa chère institutrice Maria, celle-ci lui déclare tout son amour : ‘Mon cher enfant, tu as passé six ans à l'école primaire, dont les quatre derniers avec moi. Tu dois maintenant poursuivre ton chemin. Ta force, ton plus grand pouvoir, sera toujours l'amour !”

L'avis de la bibliothécaire

Aurélie Solle, Bibliothèque publique d'information, Paris
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Il y a ce paysage, qui, d’emblée, propulse le spectateur entre ciel et mer. C’est par le biais du jeune Kristos, né au milieu des chèvres, que le voyage s’invite. Nous découvrons son rapport à un monde qui pourrait sembler restreint, bout de terre au-dessus des flots, et qui pourtant est d’une richesse incroyable. Ses liens avec la nature, fil tendu tout au long du film, apparaissent notamment au gré de ses échanges avec l’enseignante où chacun apprend de l’autre. Seul enfant, repose sur lui un devenir qui le dépasse.

Devenu élément de l'île, il doit faire un choix : partir ou rester. Tout ici confère au symbolisme sans jamais en porter la lourdeur. Même quand la caméra se détache du paysage, l’île est là, omniprésente. S’en détacher devient aussi difficile pour nous que pour le jeune adolescent. On le laisse là, face à son propre chemin à parcourir, avec l’envie furieuse de protéger ces terres émergées et précieuses tout en voulant le voir s’émanciper.

+ d'infos

Pour aller plus loin lire l'entretien avec la réalisatrice Giulia Amati au sein du dossier de presse. 

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