Un animal, des animaux
La grande galerie du Museum d'histoire naturelle de Paris était fermée au public depuis un quart de siècle, laissant à l'abandon des centaines de milliers d'animaux naturalisés (mammifères, poissons, reptiles, insectes, oiseaux, crustacés). Tourné pendant les travaux de rénovation (1991-1994), le film raconte la métamorphose du lieu et la résurrection de ses étranges pensionnaires. "Comme à l'ordinaire, le documentariste donne l'impression de fureter, ici dans les antichambres de la taxidermie pour nous en révéler les arcanes. Cent métiers et autant de compétences s'y agrègent : équarisseurs, remplumeurs, polisseurs, tanneurs, peintres, conservateurs, archivistes, scénographes, on en passe et des meilleures. Au gré du spectacle minutieux de ces travaux d'orfèvres, perce insensiblement la dialectique qui emportera le film, et qui confronte ces hommes aux prises avec l'organisation de la matière au regard des objets qu'ils auront façonnés. Soudain émancipés des mains de l'homme, individualisés sur fond noir par une lumière électrique qui semble les détacher de la nuit des temps, vrillant leur regard scintillant dans celui du spectateur, ces animaux naturalisés semblent reconquérir leur liberté, et avec elle le pouvoir de fascination et d'étrangeté qu'ils exercent sur nous." (J. Mandelbaum in Catalogue de la rétrospective Nicolas Philibert a la Bpi-Centre Pompidou)