Jusque dans son titre, emprunté à l’un des tableaux les plus célèbres de David Hockney, le film se déploie comme une fresque, dépeignant trois ans de la vie du peintre. Entre 1971 et 1973, Jack Hazan suit David Hockney et son entourage – un cercle de créateur·rices, de modèles, de galeristes – évoluant entre Londres, New York et la Californie. Presque un film de copains-copines, A Bigger Splash met en scène leurs interactions, autant spontanées et intimes que mises en scène ou rejouées pour la caméra. Au début du récit, la séparation entre David Hockney et Peter Schlesinger, son amant et muse, teinte le film d’une mélancolie diffuse. A Bigger Splash documente peut-être avant tout le vide laissé par cet amour perdu et la manière dont il imprègne l’œuvre de l’artiste. David Hockney se tourne vers le travail, lui aussi source de doute et de solitude. Le film devient alors un précieux témoignage sur son processus créatif : le cinéaste filme les gestes du peintre, les touches de couleurs qui viennent structurer l’espace, la transformation progressive des toiles.
Tout au long du film, une tension traverse les images, accentuée par la composition musicale aux accents dramatiques de Patrick Gowers. Les cadres des plans semblent calqués sur ceux des toiles d’Hockney, recréant au cinéma la rigueur géométrique et la luminosité si caractéristiques de sa peinture. La mise en scène de Jack Hazan (travellings, atmosphère hitchcockienne) et la peinture de David Hockney, notamment ses célèbres piscines californiennes, jouent toutes deux avec le langage visuel du cinéma hollywoodien : les perspectives en grand angle, les couleurs saturées du Technicolor des années 50-60. David Hockney lui-même semble osciller entre transparence et représentation, acceptant le regard du cinéaste tout en cultivant une certaine distance.
Cette œuvre a suscité des réactions contrastées à sa sortie, notamment de la part de David Hockney, d’abord réticent face à ce reflet de lui-même. Par sa beauté plastique et sa manière de saisir les élans et les douleurs d’un créateur, A Bigger Splash se double de la figuration d’une époque – mélancolie d’une peinture acrylique.
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