Retour à la terre
Volta à terra
A Uz, hameau montagnard du nord du Portugal vidé par l’immigration, subsistent quelques dizaines de paysans. Alors que la communauté se rassemble autour des traditionnelles fêtes d’août, le jeune berger Daniel rêve d’amour. Mais l’immuable cycle des 4 saisons et les travaux des champs reprennent vite le dessus…
Dans ce hameau où ont vécu les grands-parents du réalisateur João Pedro Plácido, les saisons se succèdent sans que le quotidien des rares paysans restés sur place ne soit affecté par les heurts et soubresauts de la planète. Dans les rues escarpées du village et plus loin dans les paturages se joue l'immuable cycle de vie des éleveurs, prompts à conduire le troupeau et à châtier, parfois brutalement, le bovin ou l'agneau récalcitrants, tout en ruminant leur frustration d'être à l'écart des hommes, parmi les animaux et se confondant presque avec eux. Parmi ces bergers vieillissants s'est glissé de façon un peu incongrue un jeune homme de vingt ans, Daniel, seul "rescapé" d'une génération qui est descendue dans la plaine à la recherche d'une vie citadine moins rude.
L'avis de la bibliothécaire
Elise Allanou , Médiathèque de l'Agora, Evry
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques
La singularité de cette chronique paysanne est que « le héros » est un jeune berger de 21 ans, Daniel. Il a choisi à l’adolescence de quitter l’école et de succéder à son père. Il ne manque pas d’élégance en veste et chapeau jusque dans les étables. Il interpelle ses vaches affectueusement et les injurie tout à la fois. Le soin qu’il apporte à sa tenue n’est pas toujours raccord avec son langage rustre. L’intérêt du film tient notamment à ce décalage entre jeunesse et rusticité, une alternance de douceur et de rudesse autant dans le paysage que dans les rapports humains. Il y a la collectivité avec l’énergie et le dynamisme des habitants d’un côté et une réalité affligeante de l’économie, il y a les rires, la moquerie, parfois la dérision et puis la résignation (encouragée par le curé). Daniel dit avoir tout pour être heureux, son seul souci étant de pouvoir trouver une femme. Ce problème est en filigrane tout au long du film et il est abordé très librement : devra-t-il avoir recours à internet pour y parvenir ? Il y a l’été avec les fêtes et les immigrés et une ambiance qui lui donne l’illusion d’une histoire d’amour avec celle qu’il a connue à l’école et qu’il aurait aimé convaincre de rester vivre avec lui. Mais après le feu d’artifice et les pétards, c’est le retour au calme du pâturage avec une belle scène emblématique lorsque seul dans ce somptueux paysage il parle à ses vaches et toujours jovial il sort son portable.