Un tombeau pour Khun Srun
Khem se confronte à la mémoire de son père, Khun Srun, écrivain cambodgien entré dans le maquis des Khmers rouges en 1973 et exécuté par eux en 1978.
Elle rencontre des survivants, une cousine, une tante, des ouvriers d'un atelier des chemins de fer... En même temps,vivant dans un ancien bastion khmer rouge, elle fait face aux difficultés d'une vie précaire. En regard du parcours de Khem, le film nous fait entendre la voix autobiographique et satirique de cet écrivain humaniste et pacifiste, une voix chaleureuse, empreinte de poésie et d'une grande douceur en complet décalage avec son destin tragique.
S'inscrivant dans le présent d'un pays qui se développe à grande vitesse au détriment de toute une partie des Cambodgiens, la voix de Khun Srun questionne avec acuité ce Cambodge contemporain qu'il n'a pas connu.
L'avis du bibliothécaire
Jean-Marc Lhommeau, Médiathèque Jacques Duhamel, Le Plessis-Trevise
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques
On suit avec attention et empathie la quête de Khem, filmée avec une grande délicatesse par la caméra d'Eric Galmard qui semblant bien connaître le Cambodge, respecte la temporalité, les paysages, filmant comme si il ne souhaitait rien déranger. Le contraste entre la ville de Phnom Penh en pleine mutation touristique et économique, et la misère ambiante, les taudis insalubres de la périphérie est frappant. L'utilisation des images d'archives, et surtout la voix-off citant les écrits du père, sont un parfait contrepoint et résonnent avec les images du Cambodge contemporain où les pauvres constatent avec amertume et fatalisme que rien n'a fondamentalement changé malgré l'histoire récente et douloureuse. La même misère, la même injustice, président toujours à la destinée de ce peuple, un sentiment de nostalgie et de gâchis partagés par Khem et les autres personnages rencontrés dans le film.