les yeux doc

Midnight Kids © GREC

Midnight Kids

Midnight Kids arpente les territoires gelés de l’Alaska comme on scrute un seuil : celui entre l’enfance et l’âge adulte, entre l’isolement et la communauté, entre la nuit blanche et l’aube qui ne vient pas.

Nous sommes à Utqiagvik, tout au nord de l’Alaska, aux confins des États-Unis. En plein cercle arctique, la ville est cernée par les glaces, battue par les vents, et traversée par des quads qui seuls résistent à la boue des pistes délaissées. C’est un bastion humain en lisière du monde, où la lumière ne s’éteint jamais pendant de longs mois, déréglant les corps, les humeurs, les rythmes du vivant. Le paysage est plat, désolé ; l’horizon s’efface dans un lent panoramique, comme une promesse toujours repoussée. Ici, pas de relief, ni géographique, ni narratif – seulement l’attente.

Maxence Vassilyevitch y filme une bande de jeunes hommes inuits américains se déplaçant dans cet espace figé. Ils traînent, rient, se défient, parlent peu, tournent en rond. Leur quotidien semble miné par l’ennui, l’isolement et les marques d’un passé toujours irrésolu : les industries du poisson et du pétrole, la déculturation autochtone en Alaska. Ils rêvent d’ailleurs, jouant à des loteries qu’ils ne gagneront jamais. Leur réalité s’apparente néanmoins à une cage : couvre-feu pour les mineurs, distances infranchissables, lumière permanente.

Pourtant, dans cette présence discrète mais tenace de l’amitié, quelque chose résiste. Ces jeunes – plus tout à fait des « kids » – traversent ensemble une saison sans nuit, une époque sans perspective, en camarades de jeu, retrouvant, à l’aube de l’âge adulte, quelque chose de l’enfance.

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