les yeux doc

Frères © Fémis

Frères

Frères plonge dans les récits de Mahamadou Camara, Diané Bah et Farid El Yamni, trois hommes dont les frères ont été tués lors d’interventions policières en France. Entre douleur intime et dénonciation politique, le film recueille la parole intime d’hommes en lutte.

Frères épouse une structure répétitive – trois histoires, trois pertes, trois quêtes de justice –, miroir d’un système où chaque histoire semble rejouer les mêmes mécanismes de violence et d’impunité. Ugo Simon inscrit les parcours de Mahamadou, Diané et Farid dans une lutte collective : ces hommes endeuillés se découvrent frères d’infortune, rapprochés par une douleur commune et une détermination à faire éclater la vérité.

Le film est avant tout un espace de parole. « Ceux qui parlent à sa place sont ceux qui l’ont tué », déclare l’un des protagonistes, soulignant la nécessité vitale pour eux de reprendre la maîtrise de leur récit. Ces mots, portés sur les réseaux sociaux, graffés sur les murs et répétés dans les manifestations, sont leur seule arme dans une épreuve où la vérité des images de vidéosurveillance est confisquée. La caméra s’installe dans l’intimité des personnages, captant des visages tendus, des regards lourds, marqués par l’usure du combat : c’est dans ce face à face avec elle que ces frères peuvent enfin laisser émerger leur blessure et l’ampleur du deuil.

Enfin, le film part aussi en quête des lieux des drames – une intersection routière, un fast-food – ces lieux banals qui, après l’événement, portent une cicatrice permanente pour ceux qui restent. Ugo Simon mêle à ses propres images des fragments glanés sur les réseaux sociaux. Ces éléments dessinent une géographie de leur combat : les paysages urbains de banlieue parisienne, les tribunaux, les boulevards où marchent les manifestants.

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