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Manon Gilbert est l'une des inculpés de "l’affaire Tarnac". Elle est accusée avec huit autres personnes d’avoir participé à une entreprise "terroriste" en sabotant les caténaires alimentant le TGV. À l’approche du procès, Audrey Ginestet filme un groupe de femmes qui aide Manon à préparer sa défense.

On aura retenu "anarcho-autonomes d’ultra gauche" ou "terroristes" et "le groupe de Tarnac" aussi. Ces termes s’accrochent depuis longtemps aux neuf inculp·é·es de ce qu’on appelle « l’affaire Tarnac ». Pour s’en défaire ? Dix ans de procédures. Dix années remplies par des torrents de documents que les inculpé·e·s ont dû apprendre à connaître sur le bout des doigts, afin d’affronter la montagne judiciaire dressée devant elles.

À quelques mois d’un ultime procès nourri par une longue instruction de 15 000 heures d’écoute et 27 000 pages, Audrey Ginestet accompagne de sa caméra une préparation rigoureuse. "Le film trouve son dispositif autour d’une écoute précise et juste. La préparation documente mais laisse aussi la place à la rencontre, et la cinéaste donne du temps au quotidien. Elle les regarde vivre politiquement, loin de la dureté des accusations dans lesquels on les a enfermés. Entre les ateliers de défense et la vie à Tarnac, l’entraide fait son chemin. On se tient, on se porte, ensemble pour arracher la relaxe." (Clémence Arrivé, Cinéma du réel)

L'avis du bibliothécaire

Thomas Renoud-Grappin, Bibliothèque Duguesclin, Lyon
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Entre les arrestations spectaculaires dans la nuit du 11 novembre 2008, les déclarations tonitruantes de la Ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie le 12 novembre devant l’Assemblée nationale et l’issue d’un procès marqué par des relaxes, près de dix ans auront passés dans l’affaire dite de Tarnac. Pour la présidente du tribunal, « le groupe de Tarnac est une fiction » et derrière cette construction policière se dévoilent des individus que la réalisatrice Audrey Ginestet nous invite à découvrir avant ce procès d’avril 2018. Film politique, film de l’intime, la caméra suit Manon dans son quotidien, avec sa fille, ses ami.es mais aussi dans ses activités professionnelles, culturelles et militantes. Les préparations au procès qui émaillent le film sont des moments forts et émouvants. On perçoit l’importance du soutien de cette communauté de femmes autour de Manon et de celui de ses co-accusés Benjamin et Yildune. Le cinéma d’Audrey Ginestet sait faire entendre les débats, les idées aussi bien que saisir les silences et les gestes. « Comment garder la trace d’une victoire ? » C’est au moins à cette question que le documentaire répond de façon magistrale.

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