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Porte de Clichy

Porte de Clichy

L'imposant Tribunal de Paris imaginé par l’architecte Renzo Piano se dresse près de la Porte de Clichy. Son geste architectural propulse l'institution dans le nouveau siècle et parachève la métamorphose du quartier populaire des Batignolles, dans le Nord-Ouest de la capitale. Au pied de ses parois de verre, habitants, ouvriers et travailleurs bruissent de mille histoires, avec en partage le même monument pour redéfinir l’horizon.

Le Tribunal de Paris se signale par son grand socle sur lequel s’élèvent 3 parallélépipèdes qui contrebalancent la verticalité de l’édifice de 160 mètres de haut. Entièrement habillé de verre, l’immeuble de grande hauteur est comme un prisme entre le ciel et la ville. Il est censé incarner une conception moins intimidante de la justice, un lieu ouvert et traversé par la lumière. Dans la perspective du Grand Paris, sa présence au bord du périphérique vise à abolir les frontières entre Paris et sa banlieue. Dans la zone d'aménagement concerté Clichy-Batignolles, le Tribunal est situé près d’un écoquartier présenté comme “un modèle de mixité fonctionnelle et sociale, de sobriété énergétique, de biodiversité et de gestion de l’eau”.

Sébastien Marziniak aborde le Tribunal comme l’on regarderait une œuvre vivante sous tous ses angles, une sculpture en train de prendre forme. Jamais son regard ne s’émousse et son cinéma multiplie avec brio les perspectives pour apprécier la beauté et le gigantisme du bâtiment dans la ville. Pourtant l’essentiel est ailleurs. Porte de Clichy n’est pas un film pour architecte, magistrat ou urbaniste. Le cinéaste s’intéresse d’abord à l’Humanité dans un quartier en reconfiguration. Comme lui, les résidents observent et s’interrogent sur les transformations en cours et celles à venir. Avec eux, chacun questionne à sa manière, l’utopie de mixité sociale et la fonction urbanistique du tribunal. L’écart entre l’expérience de la ville et les politiques urbaines se déploie par petites touches en de multiples histoires qui s'entrelacent. Ainsi la vie des travailleurs sur le chantier est plus douce le soir venu. Une urbaniste fait découvrir l’écoquartier à des citoyens mal et non-voyants. Une gardienne d’immeuble évoque la fin d’une époque. Des avocats fraîchement installés défendent des demandeurs d’asile. Une photographe invoque le peuple de la rue, les “invisibles de justice”. Ils sont l’âme du quartier, les visages derrière les fenêtres. Dans leur intimité, nous regardons comment ils habitent le monde autour du monument.

L'avis de la bibliothécaire

Justine Baudet, Médiathèque Départementale du Territoire de Belfort, Belfort
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Le film nous invite à franchir les façades des immeubles modernes de la Porte de Clichy pour aller à la rencontre de celles et ceux qui constituent l’âme de ce quartier populaire : la guide urbaniste Manon, le travailleur sans-papiers Sekou, la concierge Marcelle, la photographe Charlotte, le couple de Jocelyne et Jean-François, ainsi que quelques avocats récemment installés face au Tribunal de Paris. Ces personnes ne se connaissent pas, mais elles sont toutes liées par le territoire qui se mue sous leurs fenêtres.

En faisant visiter la Porte de Clichy à des personnes ayant un handicap visuel, grâce à des outils tactiles et un parcours sur le terrain, Manon permet d’interroger - de manière didactique et sensible - le rapport entre la beauté et l’utilité de ce nouvel écoquartier. Sans chercher à prendre position sur les bienfaits ou non de la politique urbaine, la place de l’être humain dans la ville est au cœur du film.

+ d'infos

Le film est en français avec des sous-titres optionnels en français pour favoriser l'accessibilité.

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