Of Men and War
Des hommes et de la guerre
Rapatriés sains et saufs mais l’esprit en morceaux d’Irak ou d’Afghanistan, une douzaine de jeunes soldats américains tentent de retrouver une vie normale après l’expérience traumatisante du front.
Ils ont été admis au Pathway Home (foyer des vétérans de guerre) de Yountville, Californie, en 2008 pour suivre une thérapie de cinq ans destinée à guérir leur « PTSD » (syndrome de stress post-traumatique). Après " De guerre lasses ", film qui témoignait dans les années 1990 du difficile retour à la vie de jeunes veuves de guerre bosniaques, Laurent Bécue-Renard, réalisateur et producteur français, poursuit sa réflexion sur les traces psychiques de la guerre avec ce deuxième volet de la trilogie " Une généalogie de la colère ". Steve, Kacy, Matt, Dave, Roger, Trevor et les autres soldats du foyer des vétérans de guerre participent à des séances de thérapie de groupe, où chacun est invité à dérouler (revivre) le récit des horreurs de la guerre. Entre les séances, les hommes suivent aussi des programmes de relaxation. Quoique muet, le spectateur est invité à jouer pleinement son rôle de témoin, car Laurent Bécue-Renard a placé la caméra derrière le thérapeute, un ancien du Vietnam dont on entend la voix, mais que l'on verra peu à l’image. Le dévoilement, l’accouchement par la voie des mots ne se font que dans d’extrêmes douleurs, et pourtant ça finit par sortir, en un chapelet d’insanités.
D’abord strictement limité aux espaces du foyer, le film prend peu à peu de la distance pour s’intéresser aux familles des soldats, parents, femmes et enfants qui vivent très mal la violence et la peur qu’ils éprouvent face à de véritables bombes humaines. Le film montre quelques hommes qui tentent de se reconstruire, mais pour combien de temps ? Les gestes du quotidien et plus particulièrement ceux qui devraient être apaisants sont contaminés par la guerre : un père porte son fils comme il porterait un fusil mitrailleur, un autre se déplace avec sa fille juchée sur ses épaules de la même façon que s’il avançait en terrain miné. Symboliquement, ils nous rappellent que ces hommes ne pourront jamais oublier, mais peut-être, dans le meilleur des cas, apprivoiser leur obsession et vivre avec.