les yeux doc

Retour

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Deux trajets se déroulent simultanément à deux époques différentes. L’un est un retour par chemin de fer, une traversée de deux continents. Le second, construit autour d’une ancienne photographie familiale, retrace un parcours de la guerre. Le balancement rythmique du train confond le passé et le présent, une mémoire oubliée et recouverte de poussières ressurgit.

Originaire de l'île de Taïwan, le jeune cinéaste Pang-Chuan Huang a réalisé au Fresnoy-Studio national des arts contemporains un film autobiographique associant souvenirs personnels et archéologie familiale.Un voyage en train, du nord de la France aux confins de la Chine, commenté avec humour par l'auteur, sert d'épine dorsale à la redécouverte d'une mémoire oubliée. Le balancement du train aidant, les images crépitent et se mélangent jusqu'à former un tableau poétique et abstrait, dont le rythme s'accélère au fur et à mesure que le voyage avance. D'abord furtive et voilée, une photographie ancienne s'impose peu à peu comme un fragment de réalité dans cet environnement immatériel et doux. Elle représente le grand-père de Huang devant l'usine où il travaillait en 1948, au plus fort de la guerre civile chinoise. Dès lors, au voyage de retour et à ses sympathiques péripéties, racontées sur un ton badin, se superposent d'autres déplacements, imposés ceux-là, d'un homme pris malgré lui dans les remous de l'histoire.

L'avis de la bibliothécaire

Karine Betou, Médiathèque Elsa Triolet, Villejuif
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

« Une bande son, une voix off, des photos en noir blanc, une autre jaunie et floue, sont les ingrédients de ce film sur le souvenir et l’évocation du souvenir. À la manière presque d’un reportage radio, tant la bande son est présente, le réalisateur/narrateur partage avec nous son long voyage en train. Où nous emmène-t-il ? Vers qui ? C’est par petite touches délicates que l’on comprend l’objet du film et le but de ce voyage ainsi que sa destination. Le réalisateur met en parallèle deux temporalités, celle du présent et de son voyage, et celle du passé, vers lequel il semble se diriger. Comme une enquête avec des indices, le film nous révèle ses secrets et sa quête d’une vérité pour finalement aboutir à une sorte de libération. Le retour est plus qu’un film de famille, d’abord de par l’attention fine donnée à l’écriture et d’autre part, parce qu’un autre thème est abordé en filigrane, celui de l’exil et de la guerre. »

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