Né en France en 1974, Jean-Gabriel Périot commence par réaliser de nombreux courts métrages à la frontière du documentaire, de l’expérimental et de la fiction. Il développe un style de montage très personnel, qui interroge la violence et l’histoire à partir d’archives. Dans Eût-elle été criminelle… (2006), il met en lumière des images tournées dans les rues françaises à l’été 1944, qu’il retravaille et remonte. On y assiste à l’humiliation publique de femmes accusées d’avoir eu des relations avec l’ennemi. La violence des attitudes donne une coloration sombre à ce qui aurait dû être un moment de communion joyeuse. Dans Nijuman no borei (200 000 fantômes) (2007), Jean-Gabriel Périot scrute par un montage de photographies d’archives la seule construction d’Hiroshima restée debout malgré sa proximité avec l’explosion atomique de 1945. Au fil des images et du temps, ce qui n’était qu’un bâtiment parmi d’autres devient monument. Dans son premier long métrage, Une jeunesse allemande (2016), le cinéaste retrace le parcours politique des principaux membres de la Fraction Armée Rouge dans l’Allemagne des années 1970, depuis leurs diverses pratiques militantes jusqu’à la lutte armée. Uniquement composé d’images d’archives, montées sans commentaire, le film combine les propos de ces personnages historiques, livrés notamment à la télévision, et des extraits des œuvres cinématographiques que certains réalisèrent à l’époque. Jean-Gabriel Périot a réalisé en 2017 un long métrage de fiction intitulé Lumières d’été. Dans Nos défaites (2019), l’archive tient lieu de matière pour un travail inscrit au cœur du présent. Il y propose à des lycéens de rejouer des scènes emblématiques du cinéma militant de Mai 68, avant de les interroger sur leur perception de la politique et sur leurs aspirations. Son dernier film Retour à Reims (Fragments) raconte en archives une histoire intime et politique du monde ouvrier français du début des années 50 à nos jours à travers le texte de Didier Eribon interprété par Adèle Haenel.