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Jerico, l'envol infini des jours @ Arizona Distribution

Jericó, l'envol infini des jours

Une aventure colorée, poétique et saisissante dans ce magnifique village colombien de Jericó à travers les yeux de huit femmes de tous âges et de toutes conditions sociales.

Jericó est un petit village colombien situé dans le département d'Antioquia, au nord-ouest du pays. Catalina Mesa, originaire de la ville proche de Medellin, y a filmé plusieurs femmes, autant de facettes de l'esprit féminin, huit vies drôles et tristes à la fois, réunies dans cet hommage qui est avant tout une dédicace familiale à une grand-tante restée au village tandis que toute la famille migrait vers la ville. Mais au-delà du cercle restreint de la famille, le film se présente comme une marque de respect et d'admiration pour toute une génération de femmes débordantes de vie et d'histoires, accueillantes et ouvertes à un dialogue sans tabou, dès lors qu'il se déroule dans un lieu caché aux regards extérieurs, dans leur maison où cette parole qui n'est pas souvent écoutée peut enfin s'épancher.

Les récits peuvent être très durs, car le village a été frappé, comme beaucoup d'autres en Colombie, par le conflit militaire. Des maris, des fils, ont été tués ou enlevés et les femmes ont dû continuer seules. En dépit de ce contexte tragique, portes et fenêtres restent ouvertes et l'humour est souvent présent dans les entretiens, comme le sont la musique, la poésie, les couleurs et le soleil. Si l'énonciation et la préservation de la mémoire collective sont un des axes forts du film, la beauté, la vivacité et le naturel des personnages en font tout le sel.

L'avis de la bibliothécaire

Marie-Hélène Tomas, Médiathèque intercommunale Gilbert Dalet, Crolles
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Si l’esthétisme qui travaille Jericó est extrême, avec ses couleurs vives et ses plans très photographiques, c’est afin de contraster avec l’ensemble de ces mémoires de femmes, huit personnages entrés dans la confidence. Catalina Mesa pousse à l’extrême le rapport entre la couleur et la réalité pour nous faire partager des moments de vie parfois bien tristes. La lumière et la musique rythment ces ballets de souvenirs et permettent au film de ne pas se morfondre dans trop de sentiments. Entre rires et larmes, ces femmes de Jericó nous emmènent, le temps d’un tinto, le café traditionnel, au coeur de leur foyer, et nous livrent leur intimité. Entre film documentaire et film de fiction, Jericó est un véritable travail au service de la mémoire. Ici, seule la femme en est la gardienne. Pas d’homme pour conter. C’est l’histoire d’une quête, celle d’une mémoire de femme, ancienne habitante de ce petit village de Colombie, la grand-mère disparue de la réalisatrice. La quête de souvenirs d’enfance et du désir de rendre hommage aux femmes, à leurs paroles, à l’oralité qui se perd aujourd’hui. Et alors que toutes ces dames vieillissantes nous parlent du passé et de leur rapport à la mort, le film s’achève comme il s’ouvre, et se tourne vers le futur.

+ d'infos

Pour aller plus loin, écouter le podcast du Blog Documentaire et lire le dossier de presse du film qui contient un entretien avec la réalisatrice Catalina Mesa. © Arizona Films

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