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Belle de nuit, Grisélidis Réal autoportraits

Entre la Suisse où éclot et s'achève un parcours de vie insolite, une maison de prostitution et la prison à Munich, la lutte militante à Paris ou la vie à Alexandrie, s'esquisse le portrait de Grisélidis Réal, figure incontournable de l'histoire genevoise récente.

Écrivain, peintre et prostituée, Grisélidis Réal a voulu faire de sa vie une oeuvre d'art, refusant de se soumettre aux normes sociales et morales de son milieu et de son époque. Le film déroule le long écheveau de sa biographie, de sa jeunesse de "putain révolutionnaire" à ses derniers instants dans le calme d'une maison de soins dans la campagne suisse. La voix gouailleuse de Grisélidis et la conviction qu'elle imprime à chacune de ses paroles vient convaincre le spectateur de sa profonde honnêteté intellectuelle. Elle affirme, elle explique, elle se livre : que l'on adhère ou pas à ses principes, que l'on soit choqué ou pas par ses propositions libertaires, un respect s'installe, une curiosité naît, savamment distillés par la réalisatrice Marie-Ève de Grave qui a voulu favoriser la rencontre avec la femme et l'artiste, sans pour autant gommer les excès de cette personnalité hors normes.

Grisélidis Réal est l'auteur de plusieurs ouvrages autobiographiques, dont Le Noir est une couleur (Verticales, 2005) ; La Passe imaginaire (Verticales, 2006) ; Suis-je encore vivante ? Journal de prison (Verticales/phase deux, 2008). Ses archives littéraires sont déposées à la bibliothèque de Berne et la documentation importante qu'elle a réunie sur la prostitution a été confiée à l'association genevoise Aspasie.

L'avis du bibliothécaire

Christian Magnien, Bibliothèque de la Nièvre, Varennes-Vauzelle
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Le sous-titre Autoportraits dit bien comment le film est habité dans quasi chacune de ses images par la présence, le visage, la voix, l’écriture de Grisélidis Réal dans un montage fascinant, plastiquement et graphiquement, de photographies, de films amateurs, de dessins, de manuscrits. La réalisatrice Marie-Eve de Grave s’efface, prêtant sa voix aux textes de l’écrivain et n’apparaît qu’à la fin du film dans une scène qui voit Grisélidis Réal, dans sa chambre d’un centre de soins palliatifs, dire son dernier poème La mort d’une putain. Le film, à l’unisson de la vie et de l’oeuvre de cette femme libre et révoltée, donne une envie irrépressible de découvrir ses livres !

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