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guetteurs © Varan

Guetteurs

En plein cœur de Paris, des guetteurs scrutent méthodiquement les traces de la présence rare et discrète des oiseaux.

À l'heure du développement de la science ouverte, on mesure l’intérêt constant des citoyens pour la nature, y compris dans un cadre citadin. De nombreuses institutions de recherche, comme le Muséum national d’histoire naturelle avec son programme Vigie-Nature, invitent à l’observation des plantes ou des animaux dans leur environnement. Au-delà de la simple transmission et de la sensibilisation au vivant, l'association de citoyens à la production scientifique est particulièrement utile dans le domaine des sciences naturelles car elle permet d’accéder à des données massives.

Guetteurs est un film qui nous parle de l’observation ornithologique en région parisienne par des bénévoles de la LPO, Ligue de protection des oiseaux. Son réalisateur, Francis Forge, a davantage un profil de rat des champs que celui d’un rat des villes. "Je me suis trouvé à Paris durant plusieurs semaines pour participer aux Ateliers Varan. Ayant un seuil de tolérance limité à la ville, c'était une sorte d’échappatoire d'accompagner ces personnes qui traquent les dernières traces du sauvage en milieu urbain. Observer ces animaux nous oblige à ralentir, à s'arrêter tout simplement. Et c'est alors une toute autre expérience de la ville, une troisième dimension, rien qu'en levant la tête !"

Guetteurs est effectivement porté sur la présence mystérieuse de l’animal en milieu urbain, présence majoritairement en hors champ, difficile à percevoir et invisible, un peu comme dans la vraie vie. Ces citadins verront-ils ou ne verront-ils pas ces êtres à plumes ? Francis Forge semble s’intéresser davantage aux guetteurs qu’aux oiseaux : "Dans un contexte ultra urbain, où la nature semble de plus en plus absente, ou au mieux est-elle "maîtrisée", j'ai voulu chercher à déceler ce qu'il reste du "sauvage" en ville. Et en l'occurrence, plus que les oiseaux eux-mêmes, ce sont les personnes qui les guettent qui m'ont intéressées. Qu'est-ce que cela produit en nous de nous trouver face à ces animaux sauvages dont la présence se fait si rare et fugace ? Il y a là-dedans quelque chose de rassurant de savoir que de tels animaux sont encore là parmi nous, et à la fois leur "fragilité" nous interroge sur la manière dont nous vivons et envisageons nos villes."

+ d'infos

Pour aller plus loin, consulter le dossier thématique Animalement vôtre sur Balises, le magazine de la Bpi, se renseigner sur les activités de la ligue de protection des oiseaux sur le site de la LPO Île-de-France et sur les moyens de

contribuer à des projets participatifs de sciences ouvertes sur le site Sciences ensemble développé par le Muséum national d’histoire naturelle et Sorbonne Université.

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