Vers le silence
Pendant le tournage de son film documentaire L’Opéra, sorti au cinéma en avril 2017, Jean-Stéphane Bron a suivi pour la 3e Scène l'orchestre et le directeur musical de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan, dans le cadre des répétitions de la Symphonie n°9 de Gustav Mahler dont l’interprétation repose paradoxalement sur… Le silence.
Plus connu pour ses films à thématique politique (Connu de nos services, L'Expérience Blocher), le réalisateur suisse a croisé la route d'un autre Helvète, qu'il qualifie de "sujet inépuisable en lui-même", le chef d'orchestre et directeur musical de l'orchestre de l'Opéra de 2009 à 2021. À la recherche d'une piste de travail pour le court métrage, il sollicite Philippe Jordan, rencontré à l'occasion du tournage de L’Opéra, documentaire qui raconte depuis les coulisses une saison à l’Opéra de Paris. Après un an de repérages et une saison passée dans les salles de l'Opéra, avec les chanteurs et les danseurs, Jean-Stéphane Bron a envie de filmer l'orchestre, qui se prépare en novembre 2016 à interpréter à la Philharmonie de Paris l'ultime symphonie de Gustav Mahler. C'est le maestro qui lui donne la clé du film: partir de la vérité de l'interprète, de sa vision de l'oeuvre, et de la réalité de la vie de Mahler: quatre mouvements symphoniques pour quatre chants d'adieu aboutissant au silence. Pour un projet de court métrage, Bron estime qu'il faut se concentrer sur une seule idée et c'est cette idée-là qui guide le montage, de répétition en concert et de sforzato en pianissimo: comment un chef parvient-il à conduire ses musiciens (et les spectateurs) vers le silence ? «Filmer Philippe Jordan tient du rêve éveillé. Il occupe le cadre, il déborde du cadre, il est à la fois totalement présent à la musique, et ailleurs, connecté à quelques forces invisibles.» (Jean-Stéphane Bron)