Grey Gardens
L’histoire incroyable et pourtant véridique de Mme Edith Bouvier Beale et de sa fille aînée Edith, tante et cousine de Jacqueline Kennedy Onassis. Mère et fille ont vécu longtemps isolées du monde, dans une vaste propriété en ruine d’East Hampton (État de New-York) baptisée Grey Gardens.
Les frères Albert et David Maysles, pionniers du cinéma direct américain, ont déjà réalisé de nombreux films documentaires lorsqu’ils s’intéressent à Big Edie et Little Edie, qui vivent dans le dénuement le plus complet, mais aussi dans la plus totale liberté au milieu des chats, des ratons laveurs et des immondices qui encombrent les 28 pièces de l'imposante demeure, résidence secondaire achetée par Edith Bouvier et son mari Phelan Beale au temps de leur splendeur.
Déshéritée par son père et séparée de son mari, Edith Bouvier a dû s’installer définitivement à Grey Gardens où elle a été rapidement rejointe par sa fille, qui n’a pas réussi à percer à Broadway, ni à trouver l’époux idéal. Pas du tout intimidées par la caméra, les deux femmes bavardent et se chamaillent, prenant pour témoins de leurs excentricités David et Albert, qui au fil des semaines de tournage se sont fondus dans le paysage. Une même insouciance et un désintérêt pour les conventions les animent, seule importe la perspective de redevenir le temps d’un film des célébrités, de laisser leur empreinte sur le monde et aussi de se faire plaisir. C’est ainsi que Big Edie, jadis soprano, entonne d'une voix mal assurée mais encore riche, « Tea for two » et autres grands succès de la comédie musicale américaine. Sortant très peu de sa chambre, elle laisse sa fille occuper le devant de la scène et montrer l’étendue de ses talents de danseuse et d’actrice, femme fatale paradant tantôt en maillot de bain, tantôt dans le somptueux manteau de fourrure qu’elle porte sur l’affiche du film.
Un deuxième film, monté à partir des rushes inédits de Grey Gardens, sortira en 2006, et la chaîne HBO les immortalisera en 2009, dans un téléfilm interprété par Jessica Lange (Big Edie) et Drew Barrymore (Little Edie) : hommages posthumes que ni la mère, ni la fille, n’auraient désapprouvés.