les yeux doc

Beau joueur © Balthazar Productions

Beau joueur

«J’ai imaginé Beau joueur comme le roman d’un dépit amoureux et la chanson d’une reconquête. Une équipe de rugby qui a conquis la liste convoitée du Top 14 est une équipe qui a touché du doigt, dans un enthousiasme débordant, un Graal fragile, adoubée par un public dont la ferveur est réputée inégalable» (D. Gleize).

Beau joueur travaille habilement un suspense dans le style hitchcockien. Le film se présente dès le départ comme le récit d’un échec à venir. Il est difficile de le regarder sans appréhension, dès lors que l’on sait qu’il y a une bombe dissimulée sous les sièges des tribunes. Malgré la passion et la flamboyance, l’équipe de l’Aviron bayonnais rugby pro, récemment promue en première division, peine à défendre sa place dans le Top 14 dès le début du tournoi de la saison 2016-2017. La “beauté” des joueurs prend ici plusieurs sens, entre la force sensuelle des corps et la capacité des athlètes à “encaisser” comme des guerriers. Beaux joueurs tout autant que bons joueurs, ils doivent accepter de perdre, garder la tête haute, malgré l’enchaînement des scores calamiteux. À l’issue du combat, à l'heure de la défaite, ces gladiateurs ne sont plus des héros, ils sont redevenus des hommes.

La réalisatrice ne filme jamais l’Aviron bayonnais en action sur la pelouse. Elle laisse les images de matchs aux chaînes de télévision et s’intéresse à tout ce qui se passe autour : les grincements des crampons sur le sol carrelé des vestiaires, les plaies pansées et couturées, la méticulosité à poser ses «straps» et à répéter les mêmes gestes. Beau joueur est aussi un film sensible, musical, bien qu’il traite de la virilité et s’imprègne longuement de l’ambiance des vestiaires. Les musiques et la voix off de la réalisatrice forment un contrepoint sonore à même de transmettre l’universalité de la tragédie en cours. Delphine Gleize, qui a réalisé de nombreux films de fiction (Sale Battars, Carnages, La Permission de minuit), est familière de ce milieu masculin. Petite, elle accompagnait régulièrement son père au stade le dimanche, quand il jouait des matchs amateurs. Cette équipe de rugbymen cabossés, elle a donc décidé de la filmer seule. Seule au contact de ces géants magnifiques, seule pour comprendre ce qui se cache dans la tête des joueurs. De beaux joueurs pour un beau film, qui convoque la force utopique du collectif dans un rapport très subjectif au réel.

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Pour aller plus loin, consulter le dossier de presse du film, à lire, l'interview avec la réalisatrice ©Balthazar production

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