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Le Fils

Le Fils

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Bouleversé par la mort de son cousin Dima, tué en 2013, à 21 ans, d'une balle dans la tête lors d'une mission des Forces Spéciales Russes au Daghestan, Alexander Abaturov filme le régiment du défunt.

Un début évoquant "Basic Training" de Frederick Wiseman nous immerge dans l'entraînement à l’examen pour devenir "bérets rouges". Pourtant, le titre nous indique que le projet est ici tout autre. C'est par le prisme de Natalia et Sacha, parents du disparu, que l'énergie viriliste et nationaliste de l'armée nous est donnée à voir et à entendre. En invitant les camarades de Dima dans son appartement vacant, le cinéaste fait prendre corps à une absence que la routine quotidienne efface. Le montage alterné projette l'ombre de la mort sur les encouragements des soldats à «combattre le terrorisme» qui masquent ce qui est en réalité une guerre de conquête. Mort qui semble contagieuse lorsque Sacha, près de la tombe de son fils, apprend de la bouche du fossoyeur qu'il a lui-même perdu son garçon.

Le temps du tournage, une statue en bronze à l'effigie de Dima s’élabore, preuve que l'armée russe ne lésine pas sur la reconnaissance aux morts. Mais là encore, le montage veille: ce décorum héroïsant est mis en tension avec la réalité du handicap (un soldat toujours au régiment malgré sa mutilation) et celle d'un risque auquel la jeunesse est délibérément exposée. Lorsque l'avion vient emmener les jeunes gens en mission, la mâchoire de la patrie-ogresse se referme sur les Dima de demain.
(Extrait du catalogue Cinéma du réel 2018)

+ d'infos

Pour aller plus loin, consulter le dossier de presse du film qui comprend une interview d'Alexander Abaturov © Nour Films

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