La Reine
La Reina
Dans les pays d’Amérique du sud, le carnaval est la pièce maîtresse des divertissements populaires. Au programme des festivités, le défilé des reines de beauté, version sud-américaine du concours des Miss que nous connaissons en Europe, est un des spectacles les plus prisés.
Manuel Abramovich a filmé en Argentine Maria Emilia dite « Memi », belle fillette pré-pubère blonde aux yeux clairs, pendant les préparatifs du défilé où elle personnifiera l’âme et le cœur du chocolat. Comme beaucoup d’enfants vedettes, Memi est encadrée par sa mère, qui veille à ce que la jeune fille ait un entraînement physique intensif et extensif (tennis, où elle excelle, hockey, natation). À la maison, elle vit dans une chambre de conte de fées tendue de rose, qui rappelle son extrême jeunesse. Au carnaval, elle devient une femme-poupée fardée et harnachée, qui doit coûte que coûte porter son fardeau, une couronne de 4kgs sertie de faux diamants et d’améthystes. La fillette traverse le film comme un fantôme halluciné, sans un sourire ni un mot, jusqu’à l’heure de son entrée en scène où la douleur insupportable la fait crier, pleurer, implorer. En vain. Dans une scène précédente on aura entendu la mère décrire, devant sa fille impassible, le calvaire, les plaies, les cicatrices, les ampoules, endurées par toutes celles qui ont voulu, le temps d’une nuit, être admirées et vénérées. Et quelques instants plus tôt, on aura appris non sans étonnement que le remède à la douleur est de vaporiser sur le cuir chevelu un puissant anesthésique, la xylocaïne, puis de faire prendre un somnifère à l’enfant pour contrer les effets indésirables du produit.