Né à New York en 1939 et décédé à Rouen en 1999, Robert Kramer est l’auteur d’une œuvre engagée, combinant une grande variété de formats et d’écritures - courts et longs, fiction et documentaire, 16 mm et vidéo. Il a d’abord étudié la philosophie et l’histoire avant de participer à la fondation du Newsreel Movement, coopérative de production et de diffusion de films politiques active entre 1967 et 1971, notamment afin de protester contre la guerre du Vietnam. En parallèle, il réalise des œuvres hybrides, qui abordent des questions contemporaines à travers des postulats de fiction et le jeu d’acteurs non professionnels. Ice (1968) en est un exemple. En 1969, il se rend au Vietnam où il coréalise The People’s War. À partir de témoignages recueillis au sein de la population vietnamienne et d’images filmées sur le vif, les réalisateurs créent des figures composites. En 1975, Robert Kramer et John Douglas brouillent les frontières des genres dans Milestones, « documentaire fictionnel » qui met en scène différents personnages marginaux dans un contexte toujours marqué par la guerre du Vietnam - vétérans, militants, hippies en quête de modes de vie alternatifs… Dans l’essai Scenes from the Class Struggle in Portugal (1977), Robert Kramer tente de rendre compte de l’énergie libérée par la Révolution des Œillets tout en analysant avec distance les évolutions politiques qui s’ensuivirent. Dans les années 1980, il s’installe en France, où il réalise à la fois des fictions et des documentaires. Route One USA (1989), l’un de ses chefs-d’œuvre, le voit revenir aux États-Unis pour une déambulation suivant la route qui en longe la côte Est. S’invitant dans différents microcosmes, le film révèle un présent bien éloigné des représentations aseptisées et des problématiques des grandes villes.