Né en 1964 à Phnom Penh au Cambodge, Rithy Panh échappe aux camps de la mort des Khmers Rouges alors qu’il n’a que 15 ans. Dans les années 1980, il vient étudier en France à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec). Suite à sa formation, il réalise alternativement des films documentaires et de fiction qui racontent son pays d’origine et portent la mémoire du génocide khmer. La Terre des âmes errantes (2000) suit un chantier d’enfouissement de câble qui implique le creusement d’une tranchée de la frontière thaïlandaise à la frontière vietnamienne. Le film prend pour personnages plusieurs travailleurs au fil de leur progression et de leurs migrations de campement en campement. En creusant, ils rencontrent de nombreuses mines et la présence obsédante des millions de morts tués par les Khmers rouges et laissés sans sépulture. Pour S21, la machine de mort khmère rouge (2003), le cinéaste réunit à Tuol Sleng, le centre de torture de Phnom Penh, des victimes du régime khmer et leurs bourreaux, vingt-cinq ans après les faits. Leurs témoignages croisés permettent de reconstituer le fonctionnement quotidien du camp. Mais plus encore, le film recompose une mémoire collective en confrontant les mémoires individuelles. Dans Le papier ne peut pas envelopper la braise (2007), Rithy Panh recueille les confidences de prostituées vivant ensemble au cœur de Phnom Penh. À travers leurs histoires singulières, c’est une histoire féminine collective qui prend forme, celle d’un pays marqué par la guerre et la pauvreté. Le cinéaste a également décliné son travail documentaire sous la forme d’ouvrages : La Machine de mort Khmère Rouge, Monti Santésok S-21 avec Christine Chaumeau, (Flammarion, 2003), Le Papier ne peut pas envelopper la braise avec Louise Lorentz (Grasset, 2007) et L’Élimination avec Christophe Bataille (Grasset, 2012).