Le cinéaste et vidéaste israélien Avi Mograbi, né en 1956 à Tel-Aviv, a d’abord étudié l’art et la philosophie avant de faire ses premières expériences au cinéma en tant qu’assistant-réalisateur sur des longs métrages. Il réalise à partir de 1989 ses propres films, et s’y met généralement en scène pour mieux penser la possibilité d’un art politique. Dans Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon (1996), il s’intéresse à l’ancien ministre et général de l’armée israélienne, initiateur de la guerre du Liban en 1982, à laquelle le réalisateur refusa de participer. Dans Août, avant l’explosion (2001), Avi Mograbi joue à la fois son propre rôle, celui de sa femme et celui de son producteur et part également filmer ses concitoyens dans la rue pour analyser la violence quotidienne au sein de la société israélienne. Pour un seul de mes deux yeux (2005) dénonce les humiliations que l’armée israélienne a fait subir aux populations palestiniennes lors que la seconde Intifada. Z32 (2008) se fait l’écho du témoignage d’un ex-soldat israélien ayant participé à une mission de représailles qui a coûté la vie à deux policiers palestiniens, tout en questionnant le rôle du cinéaste. Né d’un dialogue avec Ali, un ami palestinien d’Israël, Dans un jardin je suis entré (2012) fantasme le Moyen-Orient d’antan, dans lequel les communautés n’étaient pas séparées par des barrières ethniques et religieuses. Dans Entre les frontières (2016), Avi Mograbi et le metteur en scène Chen Alon partent à la rencontre de demandeurs d’asile africains retenus au camp de Holot, en plein désert israélien. Ils réalisent avec eux un atelier inspiré du Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal, méthode destinée à encourager des non-acteurs à écrire et jouer sur scène leurs propres personnages. En résulte un témoignage profond de l’expérience de ces personnes mises au ban d’un État qui se présente pourtant comme une terre d’accueil.