René Char, nom de guerre Alexandre
À partir de 1933, des intellectuels allemands et autrichiens fuient le nazisme et trouvent refuge sur les bords de la Méditerranée entre Marseille et Nice. Mais dès la déclaration de guerre (été 1939), nombre d'entre eux iront grossir les rangs des camps d'internement français, tel le camp des Milles près d'Aix-en-Provence. Tout près de là, dans l'arrière-pays provençal, en 1941, le poète René Char (1907-1988) prend les armes et passe au maquis dans la région de Céreste, petit village des Basses-Alpes. Il renonce alors à publier «aussi longtemps que ne se sera pas produit quelque chose qui retournera l'innommable situation dans laquelle nous sommes plongés», et devient le capitaine Alexandre, l'un des chefs locaux de la résistance intérieure, responsable de la réception des atterrissages et des parachutages alliés dans la France occupée. C'est ce parcours exemplaire, des années d'avant-guerre à la Libération, que retrace le film de Jérôme Prieur, film d'hommage aux hommes de l'ombre et parmi eux à cet «exilé de l'intérieur», grand poète qui fut aussi homme de courage et d'engagement. («Fureur et Mystère», publié en 1948, regroupe les écrits de cette période de combat).