les yeux doc

Richland - lycée © Helki Frantzen

Richland

Richland s’attarde sur une petite ville de l’État de Washington, ancien épicentre de la production de plutonium pour le projet Manhattan. Façonnée par ce passé industriel et militaire, Richland porte les empreintes d’un complexe militaro-industriel toujours visible. La réalisatrice Irene Lusztig explore avec minutie les couches d’histoire enfouies sous les récits de fierté collective, mêlant patriotisme et héritage difficile.

Les noms de rues, les logos de bowling, la mascotte de l’université : tout témoigne d’une identité locale bâtie sur la contribution à l’effort national de guerre. Irene Lusztig capte ce patriotisme dans des activités de groupe (chorales, parades) et des entretiens où transparaît une nostalgie pour une vie protégée – blanche, confortable, idéalisée. Mais des fissures apparaissent : que savaient vraiment les travailleurs et les habitants ? Quelle était leur responsabilité alors que le plutonium alimentait la bombe atomique et que les déchets nucléaires étaient déversés sur des réserves indiennes évacuées ? Les entretiens filmés de face instaurent une tension : la responsabilité collective, diffuse comme les radiations, est interrogée avec acuité.

Le film tisse un dialogue entre passé et présent, où les discours scientifiques et politiques d’alors se heurtent au travail de prise de conscience d’aujourd’hui. Les habitants oscillent entre fierté et prise de conscience des conséquences : sols contaminés, terres devenues des no man’s land, maladies invisibles. Les chants et poèmes, qui rythment le montage, donnent voix à l’indicible des effets du nucléaire, et semblent dire que seule une forme artistique est capable d’en rendre compte.

Dans Richland, Irene Lusztig ne se contente pas, à travers les images d’archives et les témoignages, d’exhumer le passé glorifié, elle interroge le présent : comment les sociétés peuvent-elles reprendre leur travail de mémoire ? Comment apaiser l’histoire collective de ce passé violent ?

L'avis de la bibliothécaire

Béatrice Le Grand, École nationale supérieure d'architecture de Marseille, Marseille
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

Nous découvrons la ville de Richland et ses habitants. Une ville, au lourd passé historique car elle logeait les ouvriers qui ont travaillé dans l’usine d’Handford qui produisait le plutonium qui a servi à la fabrication de la bombe nucléaire. Les enfants des ouvriers se font alors les témoins de leurs pères souvent décédés du cancer pour avoir été en contact avec ce produit qui les a rendus malades. Mais cet héritage est pleinement assumé par ses habitants qui en sont même fiers alors que parallèlement nous découvrons les victimes japonaises qui ont vues la destruction complète de leurs villes Hiroshima et Nagasaki et qui a fait des milliers de morts et de malades. Ce film ne laisse pas le spectateur indifférent car nous sommes sans cesse interpellé par des ressentis contradictoires.

+ d'infos

Lire le dossier de presse du film, en version originale.

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