Pierre Feuille Pistolet
Skąd dokąd
Suite à l'invasion russe de février 2022, un van polonais sillonne les routes d'Ukraine pour évacuer des habitant·es. Le véhicule devient un refuge fragile et éphémère, une zone de confidences pour des exilé·es qui n'ont plus qu'un objectif : échapper à la guerre.
À la fois huis-clos angoissant et dispositif favorisant la rencontre, Pierre Feuille Pistolet est un road movie dans le tourbillon de la guerre. Le convoi humanitaire ne roule pas d’un point A à un point B ; son itinéraire est constitué d’une multitude de parcours. Servant de taxi ou encore d’ambulance, le véhicule peut accueillir à chaque fois jusqu’à sept personnes au-delà de son chauffeur, et autant de nouveaux visages et de nouvelles histoires.
Partir est un choix difficile mais l’exil est souvent la seule solution pour fuir les bombardements. En dehors de l’habitacle, des tanks abandonnés, des champs en fumée, des immeubles éventrés, mais aussi les anciens, et tous ceux qui ont décidé de rester, disant au revoir de la main à leur famille qu’ils ne reverront peut-être jamais. Malgré l’angoisse du départ, l’intérieur du véhicule est une bulle pour ses occupants, un espace de transition entre les zones bombardées et la sécurité, à l’ouest du pays ou au nord, en Pologne. Une solidarité s’installe, voire même un peu de légèreté, en décalage avec ce qu’il se passe dehors. Les enfants jouent, des personnes s’endorment, certain·es se mettent à parler pour la première fois de ce qu’iels ont vécu. La perspective de l’évacuation donne de l’espoir.
Toutefois, chaque trajet est imminemment périlleux : le danger extérieur est partout, il faut éviter les mines, montrer patte blanche aux contrôles militaires, s’informer du feu des bombes. Derrière cette entreprise un peu folle, Maciek Hamela, un jeune réalisateur et producteur polonais devenu volontaire. En plus de conduire et organiser le rapatriement des familles et des blessés, ce dernier a pris le parti de documenter l’exode, déchirant et douloureux, du peuple ukrainien, dont le sort n’est toujours pas fixé ce jour. Devant le constat de l’ampleur des destructions, la vibrante capacité humaine à vivre et s’entraider, par-delà les conflits.