les yeux doc

On va tout péter © Revolt Cinema

On va tout péter [version audiodécrite]/

“Un mix de blues et de rock and roll, voilà le secret d'une révolte réussie. Quand je suis arrivé dans l'usine d'équipement automobile GM&S menacée de fermeture, j'ai senti qu'un concert exceptionnel allait s'y donner.” (Lech Kowalski)

Américain de culture, Anglais de nationalité et Polonais d’origine, Lech Kowalski a passé sa vie sur les routes. Après avoir filmé les beatniks, la libération sexuelle, les scènes musicales jazz et punk, de Charles Mingus aux Sex Pistols, il poursuit son exploration des marges de la société en filmant les exclus et les déshérités. Aujourd’hui installé en France, Kowalski part à la rencontre des ouvriers de GM&S à La Souterraine (Creuse), qui menacent de faire “péter” leur usine. Ce faisant, il documente un apprentissage, celui de l’action collective et de la politique, et enregistre la transition des ouvriers, de consommateurs à militants. Avec pour revendications le maintien des emplois et du niveau de vie et le droit au respect.

Seul, caméra au poing, Lech Kowalski réalise un film en immersion, non pas sur les salariés mais avec eux. Contrairement aux journalistes, qui ne sont jamais que de passage, le cinéaste est parvenu à s’intégrer au groupe grâce au facteur temps. Pendant 7 mois, il a été de tous les combats, présent à tous les moments-clés, les plus joyeux comme les plus sombres. En exprimant son point de vue de cinéaste indépendant depuis l’intérieur du mouvement, il se confond avec les ouvriers jusqu’à prendre les mêmes risques qu’eux, jusqu’à se faire arrêter en plein tournage, pour défaut de carte de presse. Du fait de son histoire familiale, Lech Kowalski entretient une relation toute personnelle à la résistance des populations face aux pouvoirs économiques et politiques. Il assume sans équivoque son soutien aux salariés, veut voir le monde à travers les yeux de ceux qui luttent et s’applique à filmer cette armée en marche, qui porte déjà des gilets jaunes.

Après des mois de manifestations contre la paupérisation des classes moyennes et la désespérance d’une large frange de la population, la question du positionnement éthique et politique du filmeur est plus que jamais d’actualité. Tout en apportant sa pierre à la question cruciale de l’indépendance de l’information, "On va tout péter" déroule le récit souvent truculent d'une aventure humaine, laquelle fut vraiment, malgré l’impasse de la grève, un petit miracle et une grande victoire.

L'avis du bibliothécaire

David Donnat
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

"En accompagnant les salariés de GM&S pendant plusieurs mois, Lech Kowalski s'inscrit dans la grande tradition documentaire du film de lutte syndicale. Cependant, réalisateur cosmopolite, il donne à son film une dimension universelle en mettant en lumière les incohérences d'un système technocratique déshumanisé face à la réalité d'un petit groupe d'ouvriers de province.

Le réalisateur fait de son film une sorte de fresque humaniste traversée par de nombreux sentiments ambivalents. Entre colère, frustration, inquiétude mais aussi solidarité, joie et convivialité, la communauté de GM&S évolue peu à peu sous les yeux du spectateur. A la fois victime mais aussi acteur de la lutte, les différents protagonistes apprennent peu à peu à utiliser les moyens modernes de lutte, jouant au jeu du chat et de la souris avec les médias et les forces de l'ordre.

Au final, à l'image de cette discussion amicale improbable entre deux amoureux de la pêche, un CRS et un GM&S, le film nous offre une vision ouverte, renouvelée et humaniste des luttes syndicales à l'heure de l'ultra médiatisation. "

+ d'infos

Cette audiodescription a été produite par Les yeux dits.

À découvrir également