les yeux doc

Highway

Highway

Sur la route, au milieu de la steppe aride du Kazakhstan, un panneau : "Moscou, 2 300 km". Un routier a rajouté à la main : "La route pour l'enfer". Un bus apparaît à l'horizon. Dans le bus, une famille du voyage. Avec leurs six enfants, ils ont formé un petit cirque ambulant et donnent leur spectacle aux routiers qui s'arrêtent dans les baraques au bord de la route.

Une route dans le désert, une famille à bord d’un minibus bringuebalant, une route rectiligne. A chaque étape, devant la poignée de spectateurs qui se trouvent au bord de la route, la famille donne un spectacle de cirque. Le fils soulève un poids avec ses dents. Le père fait marcher les plus petits de ses enfants sur du verre pilé. Un aiglon est capturé dans la steppe. Trop jeune pour voler, il observe d’un œil indéchiffrable le chien qui mange dans sa gamelle et les humains qui s’affairent.

« Pourquoi ces images documentaires, si simples, exercent-elles un pouvoir d’émerveillement ? Dans "Highway", rien n'est en effet plus étonnant que cette sensation, à travers des images, de toucher la vie. Bouger, respirer, regarder… cohabiter au sein d’une famille qui parle peu. Dans "Paradis" (Scastje), l’émerveillement pouvait naître devant un enfant que l’on regardait lutter contre le sommeil avant de tomber – littéralement – de fatigue. Dans "Le Jour du pain", Dvortsevoï filme un coucher de soleil, et l’on ne se souvient pas d’en avoir vu un si beau au cinéma. Dans "Highway", c’est encore l’ordinaire qui se révèle extraordinaire. Réalité transfigurée. Presque sacrée…»

(Ph. Piazzo, Aden, nov.-déc. 2001)