Marie Voignier est née en 1974 à Ris-Orangis (Essonne). Elle a fait des études d’ingénieur à l’Université́ de Technologie de Compiègne puis à la Technische Universität Berlin, où elle a commencé à pratiquer la photographie. Elle sort diplômée de l’École des beaux-arts de Lyon en 2004 et réalise depuis lors des films montrés en salle, dans des festivals de cinéma internationaux et dans des expositions. Dans le moyen métrage Hinterland (2009), elle filme la forêt tropicale reconstituée dans un centre de loisirs bâti à soixante-dix kilomètres de Berlin, sur le site d’une ancienne base militaire. Alors que se déploie devant nos yeux l’impressionnant trompe-l’œil de cette jungle artificielle, divers témoignages reviennent sur l’histoire du site, au sein d’une région qui se situait encore dans les années 1980 en RDA. Marie Voignier s’intéresse de nouveau à la thématique de la croyance dans L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé (2011), où elle suit à travers la jungle camerounaise un explorateur cherchant depuis plusieurs années un animal mystérieux, que certains décrivent comme une sorte de rhinocéros à queue de crocodile et à tête de serpent. Elle revient dans la région pour Tinselwood (2017), série d’observations des usages dans une région qui porte les traces de la présence des puissances coloniales qui ont cherché à se l’approprier. Dans Tourisme International (2014), Marie Voignier se confronte plus directement à la question de la propagande en effectuant un voyage en Corée du Nord. Entièrement resonorisé, le film donne à voir les visites dispensées par les guides approuvés par le régime sans faire entendre leur voix, pour mieux rendre sensible l’expérience particulière que produit le contrôle absolu des représentations. En parallèle de ses réalisations, Marie Voignier enseigne le cinéma à l’École des beaux-arts de Lyon, où elle coordonne le pôle Images-mouvement.